"Il n'y a que les élèves qui nous remercient", les AESH de Dordogne demandent plus de reconnaissance

June 12, 2023
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"Le premier maillon de la chaîne". Angelina est accompagnante des élèves en situation de handicap (AESH) à Ribérac. Un métier-passion exercé à plus de 90% par des femmes qui est pour elle indispensable à la société. "Sans nous, ces enfants ne pourraient pas être scolarisés", rappelle celle qui fait ce travail depuis six ans. Mais aujourd'hui, elle se pose une question : "à quel moment va-t-on enfin être reconnus ?".

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Comme elle, beaucoup d'AESH réclament de meilleurs conditions de travail, une revalorisation de leur salaire et un vrai statut de la Fonction publique. Ces accompagnants ont des conditions précaires : ils ne sont pas fonctionnaires mais recrutés par l'Education nationale avec des CDD de trois ans avant d'obtenir, parfois, des CDI. Ce mardi 13 juin, un appel national à la grève est lancé par six syndicats. A Périgueux, les AESH se mobilisent à Périgueux, devant la Direction des services départementaux de l'Éducation nationale (Dseden) à 13h30. Dans le département, 829 personnes exercent ce métier.

Non à la fusion

"Je suis très en colère, on est revenu dix ans en arrière", s'énerve Elodie Vienne, AESH et responsable syndical à la CGT Education. Celle qui dit se battre depuis des années pour que les professionnels obtiennent un meilleure statut regrette les annonces du Président de la République le 26 avril dernier. Emmanuel Macron avait annoncé 70 mesures pour le handicap dont la possibilité pour les AESH de passer à 35 heures à la rentrée 2023. Mais les accompagnants craignent la fusion entre les AESH et les AED (Assistants d'Education), c'est-à-dire des surveillants.

"On va nous demander de surveiller la récréation, de faire la garderie, la cantine, ça n'a aucun rapport avec notre métier", dénonce Nadia, AESH à Villetoureix. D'autant plus que ces heures supplémentaires ne devraient, selon elle, ne pas être suivie d'une assez grande augmentation de salaire. "On ne gagnera même pas le Smic", poursuit celle qui touche actuellement 8****50 euros par mois pour officiellement 24 heures de travail. Officiellement, car elle assure faire beaucoup plus d'heures en comptant des réunions avec les institutions et les temps de préparation.

"On ne vit pas"

Avec 850 euros, Nadia a du mal à finir les fins de mois. "On rentre du travail, on mange des pâtes, et on va au lit. On n'a aucun loisir, on ne vit pas", soupire-t-elle. Quand sa voiture est tombée en panne, elle a dû demander à son banquier l'autorisation d'être en découvert, ce qui a rendu sa situation encore plus précaire. Impossible aussi d'obtenir un prêt ou une location, elle a finit par trouver un logement seulement car elle connait le propriétaire.

Nadia n'ira d'ailleurs pas manifester ce mardi car elle ne peut pas se permettre de faire grève. Mais les AESH espèrent obtenir de meilleures conditions et plus de reconnaissance. Car ce qui énerve le plus Nadia, ce sont "les personnes qui pensent que l'ont fait ça juste pour les vacances scolaires". Elle rappelle la difficulté de son métier auprès des enfants en situation de handicap.

"Je me sens abandonnée"

D'autant plus qu'elles manquent de formations renchérit Angelina. "Moi je ne suis pas médecin, dès fois je me sens abandonnée", dit la professionnelle qui se souvient notamment d'un élève psychotique. "Ca été très compliqué, il était ingérable. On nous dit faites ci, faites ça, mais débrouillez-vous", regrette-t-elle.

"Il n'y a que les élèves qui nous remercient... et parfois les parents", conclut, Laurence, qui travaille à Mussidan et qui, elle, ira manifester à Périgueux. Ce mardi 13 juin, une audience leur sera accordée par Nathalie Malabre, la directrice académique à la Dsden.

Source: France Bleu