Le microparti de Bruno Le Maire au cœur d’une enquête judiciaire
La campagne de la primaire de la droite de 2016 avait laissé à Bruno Le Maire un goût amer. Un temps présenté comme le troisième homme de la campagne, atteignant jusqu’à 13 % des voix selon certains sondages, celui qui était alors député Les Républicains (LR) de l’Eure avait finalement terminé en cinquième position avec 2,4 % des suffrages (derrière François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et Nathalie Kosciusko-Morizet). Son microparti « Avec BLM », qui avait financé sa campagne ambitieuse, en était sorti exsangue, avec 400 000 euros de dettes. Sept ans plus tard, alors que l’ardoise a en partie été réglée par des dons de particuliers, le souvenir de cet échec se réinvite dans les pensées de celui qui est devenu en mai 2017 ministre de l’économie d’Emmanuel Macron.
Début juin, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire concernant des dettes fournisseurs contractées en 2016 par « Avec BLM », non réglées depuis, et annulées par le parti en vertu du délai de prescription légal de cinq ans, a appris Le Monde lundi 12 juin, confirmant les informations de Mediapart. Cette enquête fait suite à un signalement à la justice par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), responsable du contrôle annuel des comptes des partis, en février.
Saisie par le parquet de Paris, la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) devra vérifier si l’absence de recouvrement par certains prestataires de factures avoisinant un total de 40 000 euros pendant les cinq années qui ont suivi leur émission constituent un don déguisé – ou simplement la conséquence de l’annulation de prestations avant leur exécution complète. Les dons provenant d’entreprises étant strictement interdits depuis 1995, si l’infraction est caractérisée, les responsables du microparti risquent trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
« Un différend avec les prestataires »
« Nous sommes surpris de la saisine de la justice par la CNCCFP [qui] avait (…) validé les comptes de l’association BLM sans réserve [le] 21 novembre 2022 », s’étonne l’entourage de Bruno Le Maire dans une réponse écrite au Monde, citant la décision, qui indiquait que « [les ] comptes certifiés ne laissent apparaître ni périmètre incomplet ni incohérence manifeste ». Et de préciser que les deux factures qui constituent le cœur du litige – 24 990 euros dus à l’entreprise Experian et 9 000 euros à Catch Digital Strategy, deux sociétés spécialisées dans la communication politique – « faisaient l’objet d’un différend avec les prestataires [et] ont été annulées à l’issue de la période de prescription, conformément aux règles comptables ». Contactées par Le Monde, les deux entreprises n’ont pas répondu pour l’heure.
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Source: Le Monde