Edition : un plan social annoncé chez Actes Sud

April 28, 2023
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Période particulièrement difficile pour la maison d’édition Actes Sud. Quelques jours avant le décès brutal de Jean-Paul Capitani, cofondateur d’Actes Sud et mari de Françoise Nyssen, l’ancienne patronne et ex-ministre de la culture, lors d’un accident de vélo, le 4 avril, à Arles (Bouches-du-Rhône), un plan de sauvegarde de l’emploi, qui devrait concerner une trentaine de postes, avait été annoncé aux salariés de l’entreprise, selon La Lettre A et Livres Hebdo.

Le personnel a été informé de cette décision au cours d’une réunion, le 23 mars, mais ignore encore les postes, les métiers et les sites (Arles ou Paris) les plus concernés. Actes Sud, qui a obtenu cinq prix Goncourt (Nicolas Mathieu pour Leurs enfants après eux en 2018, Eric Vuillard pour L’Ordre du jour en 2017, Mathias Enard pour Boussole en 2015, Jérôme Ferrari pour Le Sermon sur la chute de Rome en 2012, et Laurent Gaudé pour Le Soleil des Scorta en 2004), n’a pas réussi de ventes spectaculaires en littérature depuis deux ans – hormis Connemara, de Nicolas Mathieu, paru en février 2022.

La maison souffre, comme toute l’édition, de l’inflation du prix du papier. C’est en raison des difficultés économiques auxquelles le groupe est confronté que la direction s’est résolue à se séparer d’une partie de son personnel.

« Un problème de renouvellement des éditeurs »

Au greffe du tribunal de Tarascon (Bouches-du-Rhône), les comptes d’Actes Sud n’ont été déposés que jusqu’à fin 2021, année au cours de laquelle le chiffre d’affaires s’élevait à 61,7 millions d’euros et le résultat à 2,6 millions, pour un effectif de 221 salariés. Un étiage peu ou prou similaire à celui qui était observé depuis 2018. Comme l’ensemble du secteur, la période de pandémie de Covid-19 avait profité à Actes Sud, le nombre d’acheteurs de livres avait été dopé, les autres loisirs étant inaccessibles (cinéma, concerts, théâtre…). Mais, après cette parenthèse, le chiffre d’affaires et, surtout, la rentabilité d’Actes Sud se sont dégradés en 2022.

Cette décision intervient alors que les rênes de ce groupe indépendant ont été confiées, depuis le début de l’année, à Anne-Sylvie Bameule, Julie Gautier et Pauline Capitani, les trois filles de Jean-Paul Capitani et de Françoise Nyssen, qui reste au directoire.

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La nouvelle équipe, qui symbolise la relève générationnelle, espérait pouvoir éviter à court terme des mesures aussi radicales. Récemment, une petite filiale, la maison d’édition Inculte, cofondée par Jérôme Dayre et jugée trop peu rentable, a été fermée pour être transformée en une simple collection d’Actes Sud. « La maison souffre d’un problème de renouvellement des éditeurs, et les ouvrages qui concernent le vivant, la nature, l’écologie marchent désormais mieux que la littérature française et étrangère, ce qui donne l’impression d’avoir deux maisons d’édition distinctes », assure un salarié. Ce que conteste Bertrand Py, directeur éditorial, « les ventes de littérature (nouveautés et poche) ayant représenté en 2022 75 % des ventes, contre 25 % pour tout le reste de la production ». La littérature étrangère, chez Actes Sud comme ailleurs, subit une érosion.

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Source: Le Monde