En Russie, l’armée tente de mettre au pas les mercenaires du groupe Wagner

June 13, 2023
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Le ministre russe de la défense, Sergueï Choïgou inspecte la préparation d’équipement et d’armes, dans un lieu non divulgué en Russie, le jeudi 8 juin 2023. AP

La manœuvre engagée par le ministère russe de la défense ressemble fort à une tentative de mettre au pas le groupe de mercenaires Wagner et son remuant patron, Evgueni Prigojine. Elle prend la forme d’un ultimatum : d’ici au 1er juillet, tous les « détachements de volontaires » ou leurs combattants devront avoir signé un contrat avec ce ministère, selon un ordre signé samedi 10 juin par Sergueï Choïgou, le chef des armées.

Le ministère de la défense met en avant une question « d’efficacité », mais aussi le besoin de garantir aux membres de telles unités et à leurs familles « la même protection sociale et le même soutien » que ceux prévus pour les militaires. Il s’agit, entre autres, du versement de 5 millions de roubles (56 000 euros) offert aux familles de soldats tués, une somme considérable que le président russe, Vladimir Poutine, a récemment augmentée.

Si le Groupe Wagner n’est pas nommément désigné, sa prise de contrôle semble bien être l’objectif principal de cette initiative. C’est sous le vocable de « détachement de volontaires » que l’armée a toujours qualifié cette unité composée de mercenaires et de prisonniers recrutés par l’homme d’affaires Prigojine en échange d’une promesse de grâce. Alors que Wagner n’a toujours aucune existence légale et que les sociétés militaires privées restent en théorie interdites en Russie, le ministère insiste d’ailleurs sur la nécessité de donner un « statut légal » à ces formations.

Faire cesser les conflits

Au-delà de ces justifications, il s’agit sans aucun doute de faire cesser les conflits incessants entre Wagner et l’armée, sur le terrain mais aussi au niveau des chefs, alors que la contre-offensive ukrainienne débute. Depuis près d’un an, Evgueni Prigojine s’en prend constamment au haut commandement militaire, accusé d’incompétence, de corruption et de mollesse, mais aussi de ne pas avoir assez fourni ses combattants en munitions lors de la longue (dix mois) et sanglante prise de la ville ukrainienne de Bakhmout. Sans réaction publique, jusqu’ici, de Vladimir Poutine.

C’est justement au nom de cette incompétence que le fondateur de Wagner a assuré, dès dimanche, qu’il ne signerait pas le contrat proposé. L’homme d’affaires a fait valoir que les ordres du ministère de la défense ne concernaient que les militaires et répété que « Choïgou est incapable de diriger correctement les unités militaires ».

Dans cette nouvelle épreuve de force, Wagner a d’ores et déjà perdu un potentiel allié : lundi, l’armée et la principale unité combattante formée en Tchétchénie, « Akhmat » (prénom du père du dirigeant de ce territoire, Ramzan Kadyrov), ont mis en scène, sous l’œil des caméras, la signature d’un contrat. Selon le ministère de la défense, plus de quarante structures devraient être concernées à terme, et à l’instar d’Akhmat, nombre d’entre elles ont été formées sur des bases territoriales, quand Moscou enjoignait aux gouverneurs de recruter à tout prix des « volontaires ».

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Source: Le Monde