Fonds Marianne : les domiciles de Christian Gravel et Mohamed Sifaoui perquisitionnés

June 13, 2023
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Mohamed Sifaoui, lors d’un match de football à Angers, le 8 avril 2023. DAMIEN MEYER / AFP

Les calendriers judiciaire et législatif se sont percutés, mardi 13 juin, dans le dossier du Fonds Marianne, cette manne de 2,5 millions d’euros destinée à financer des projets associatifs de « contre-discours républicain ». Un fonds lancé en 2021 par Marlène Schiappa en réponse à l’assassinat terroriste du professeur Samuel Paty.

Bénéficiaire, avec son association, l’Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), de la plus importante dotation du fonds (355 000 euros), dépensée dans des conditions troubles, l’essayiste Mohamed Sifaoui devait répondre mardi matin aux questions de la commission d’enquête sénatoriale consacrée à l’affaire, qui a déjà auditionné nombre d’acteurs. Las, vers 9 heures, le président de la commission des finances, Claude Raynal (Parti socialiste, Haute-Garonne), a dû annoncer que l’audition n’aurait pas lieu, Mohamed Sifaoui étant retenu par une perquisition judiciaire en cours à son domicile.

L’affaire du fonds a, en effet, donné lieu à une information judiciaire ouverte par le Parquet national financier (PNF), le 3 mai, pour des soupçons de « détournements de fonds publics », « prise illégale d’intérêts » et « abus de confiance », et confiée aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), sous la supervision du juge d’instruction Serge Tournaire.

Une collusion de dates que dénonce l’avocat de M. Sifaoui, Me Bernard Benaiem. Joint par Le Monde, ce dernier s’interroge sur ce « télescopage, alors que la comparution [de M. Sifaoui devant le Sénat] était prévue, il était là pour s’expliquer, le juge ne pouvait l’ignorer ». L’essayiste devrait, selon son avocat, retourner devant la commission d’enquête jeudi 15 juin, au matin.

« Commande politique » de la ministre

De source judiciaire, les policiers ont également mené mardi matin plusieurs autres perquisitions, au domicile du président de l’USEPPM, Cyril Karunagaran, également salarié sur les crédits du fonds Marianne, mais aussi du préfet Christian Gravel, secrétaire général démissionnaire du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui pilotait l’attribution du fonds sous la supervision du cabinet de Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la citoyenneté.

M. Gravel avait évoqué, devant la commission d’enquête sénatoriale, une « commande politique » de la ministre, tout en défendant le choix de l’association de Mohamed Sifaoui, qualifié de « caution scientifique indiscutable ». Les auditions au Sénat ont montré que M. Sifaoui était alors très en cour auprès du cabinet de Marlène Schiappa, qui l’a reçu à de nombreuses reprises et l’aurait incité à postuler au fonds.

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Source: Le Monde