L’évêque de La Rochelle, Mgr Georges Colomb, demande sa mise en retrait le temps d’une enquête sur des " faits de nature sexuelle "

June 13, 2023
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L’évêque de La Rochelle, Mgr Georges Colomb, le 7 novembre 2022 à Lourdes. (Photo Charly TRIBALLEAU/AFP) CHARLY TRIBALLEAU / AFP

L’évêque de La Rochelle, Mgr Georges Colomb, a annoncé mardi 13 juin dans la soirée, avoir demandé à être « mis en retrait » de ses fonctions le temps d’une enquête portant, selon le parquet de Paris, sur des « faits de nature sexuelle ».

Cette demande fait suite à l’ouverture d’une enquête, pour un signalement par les Missions étrangères de Paris (MEP), « concernant des faits de nature sexuelle reprochés à cet évêque et qui auraient été commis en 2013 », a annoncé le parquet de Paris à l’Agence France-Presse, après la parution d’informations dans plusieurs titres de presse.

Selon l’hebdomadaire La Vie, l’enquête de police a été ouverte le 24 mai dernier à l’encontre de l’évêque de La Rochelle et Saintes pour tentative de viol. Une information également confirmée par le parquet au quotidien La Croix et à Famille chrétienne. Selon les mêmes sources, la victime présumée était majeure au moment des faits.

Dans un communiqué publié sur le site du diocèse, Mgr Colomb, ancien supérieur général des MEP (2010-2016), déclare qu’il n’a « à ce jour, été contacté par aucun enquêteur » et « exprime sa stupéfaction et son incompréhension face à ces allégations calomnieuses et les dément vigoureusement ».

Un administrateur bientôt nommé

Toutefois, « pour pouvoir préparer sa défense et préserver le diocèse de La Rochelle, Mgr Colomb a pris la décision de demander au pape de le mettre en retrait le temps de l’enquête, tout en demeurant évêque de La Rochelle », ajoute le communiqué. « Un administrateur devrait être nommé pour s’occuper [du] diocèse pendant cette période », est-il précisé.

Dans un communiqué distinct publié également mardi soir, la Conférence des évêques de France (CEF) qualifie de « graves » les accusations portées contre Mgr Colomb et Mgr Gilles Reithinger, évêque auxiliaire de Strasbourg. Ce dernier, qui avait succédé à Mgr Colomb à la tête des MEP de 2016 à 2021, est cité dans les articles de presse comme ayant été au courant des accusations d’agression sexuelle ayant eu lieu aux MEP dès 2013. Il nie avoir été informé, selon les propos retranscrits par La Croix.

Dans son communiqué, la CEF souligne que les deux évêques « nient catégoriquement les faits décrits dans les articles parus ce soir ». « La parole des plaignants doit être entendue, les droits de la défense, respectés » et « il appartient désormais aux enquêtes de faire toute la vérité », ajoute la CEF.

« Inventorier les cas de violences sexuelles »

La Croix, dans sa très longue enquête, s’interroge sur l’existence, au sein des MEP, d’« une culture du secret et de la transgression propice à la commission de violences sexuelles ». Ces dernières semaines, un autre prêtre des MEP a fait l’objet d’une enquête de justice. Ce prêtre, renvoyé de son diocèse japonais en 2011 pour avoir eu des relations sexuelles avec un homme – des relations « consenties » selon les MEP –, puis affecté comme curé dans le diocèse d’Angers, a été mis en garde à vue en avril, puis laissé libre, pour viols aggravés et non-dénonciation de crime, selon le parquet d’Angers. Il est aujourd’hui suspendu de ses fonctions.

Dans cette affaire, La Croix relève « la gestion approximative » par Mgrs Reithinger et Colomb. Mi-mai, les MEP avaient annoncé avoir demandé à un cabinet externe de recenser les cas de violences sexuelles pouvant avoir eu lieu entre 1950 et 2023 en leur sein. Cette tâche, confiée au cabinet indépendant GCPS Consulting, devra « inventorier les cas de violences sexuelles pouvant avoir eu lieu sur la période » et « analyser les réponses apportées à ces cas ».

Les MEP, société de vie apostolique, ont été créées en 1658 avec pour but d’envoyer ses missionnaires évangéliser les pays d’Asie notamment. Elles disent compter aujourd’hui 150 prêtres dans quatorze pays (dont la Thaïlande, le Vietnam, la Chine, le Cambodge, l’Inde, le Laos, le Japon, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, la Birmanie et Madagascar). Ses locaux parisiens accueillent des prêtres étudiants étrangers et hébergent des évêques lors de leur passage à Paris.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde