En Thaïlande, la coalition sortie victorieuse des législatives se bat pour faire élire son premier ministre

June 13, 2023
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Pita Limjaroenrat, tête de liste de la coalition gagnante issue des élections législatives du 14 mai en Thaïlande, voit se succéder les obstacles sur son parcours vers la fonction de premier ministre. Celui-ci s’étire en longueur : la commission électorale dispose de deux mois, donc jusqu’au 13 juillet, pour valider les élections. La désignation du premier ministre par les deux Chambres du Parlement pourrait donc ne pas avoir lieu avant le 3 août. D’ici là, des groupuscules ou individus liés aux milieux ultraroyalistes et militaristes font tout pour évincer les gagnants et discréditer leurs ambitions de réformes en multipliant les plaintes.

Le gouvernement sortant des généraux putschistes, qui contrôlent en grande partie les institutions actuelles, dont ils ont nommé les responsables, et disposent du soutien tacite du palais royal, avait usé et abusé de cette stratégie de « guerre juridique », comme le dénonce régulièrement M. Limjaroenrat, lors des élections semi-libres de 2019, les premières après le coup d’Etat de 2014. En face, le camp prodémocratie, en l’occurrence le parti de Pita Limjaroenrat, Move Forward (« aller de l’avant »), fort des 151 sièges remportés lors du scrutin au régime semi-proportionnel de mai, et celui de l’ancien premier ministre en exil Thaksin Shinawatra (141 sièges), ont scellé une alliance.

Avec cinq autres micropartis, ils peuvent prétendre désormais contrôler 312 sièges des 500 que compte la Chambre basse. Les partisans de Move Forward ont promis de se faire entendre si leur victoire est confisquée : une manifestation s’est déjà tenue le 8 juin devant la commission électorale pour lui demander d’accélérer le processus de certification des élections et de rejeter les plaintes à l’encontre du candidat prodémocratie.

Ouverture d’une enquête

« Pita », comme le désignent les Thaïlandais, a beau être toujours aussi souriant et confiant, son sort est en suspens en raison de l’affaire des actions d’iTV, une chaîne de télévision inactive. D’après la loi électorale thaïlandaise, un candidat aux élections ne peut avoir de parts dans un média. Dans le cas de « Pita », il s’agit d’actions léguées par son père, décédé en 2006, dans une chaîne qui a cessé d’émettre en 2007 et dont la licence a alors été cédée à un autre média. La société, en faillite virtuelle, a ensuite été radiée de la Bourse thaïlandaise en 2014, mais est restée légalement enregistrée, en raison de litiges en cours. Vendredi 9 juin, la commission électorale a rejeté trois plaintes déposées contre « Pita » par des plaignants au sujet des actions d’iTV – tout en annonçant dans le même temps qu’elle ouvrait une enquête formelle sur son éligibilité au Parlement.

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Source: Le Monde