" The Flash ", super-héros en bout de course dans le multivers

June 14, 2023
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Barry Allen / The Flash (Ezra Miller) dans « The Flash », d’Andy Muschietti. WARNER BROS

L’AVIS DU « MONDE » – POURQUOI PAS

Déjà croisé dans l’univers DC Comics, propriété de la Warner, The Flash revient aujourd’hui à part entière, avec Ezra Miller dans le rôle-titre et Andy Muschietti (réalisateur de Ça) derrière la caméra. Atteint d’une fragilité psychique, arrêté pour agressions et harcèlement, l’acteur aux faux airs de Buster Keaton incarne dans le film Barry Allen, un personnage qui ne dispose pas lui-même de sa pleine intégrité mentale.

Orphelin, comme son complice de la Ligue de la justice Batman, d’une mère assassinée alors qu’il était enfant, Barry, inconsolable et rongé par la culpabilité, n’a de cesse de vouloir modifier le passé et infléchir le cours du destin. Il a la chance, pour ce faire, d’avoir été aspergé d’un grand nombre de produits toxiques qui lui ont conféré le pouvoir d’aller plus vite que la vitesse de la lumière et d’ainsi se mouvoir sans difficulté dans le temps.

Réalités parallèles

En tout état de cause – et selon la vieille leçon morale de L’Apprenti-Sorcier de Goethe –, ce voyage dans le temps va causer de sérieux dégâts et ouvrir le récit aux charmes, pour ainsi dire, des réalités parallèles. Accompagné d’un vieux Batman (Michael Keaton, atone) et d’une jeune Supergirl (Sasha Calle, sans relief), il doit affronter de nouveau le super-méchant général kryptonien Zod (Michael Shannon, momifié). L’un dans l’autre, c’est encore avec son double, croisé au cours de son voyage, que le héros commerce le plus, au point d’indisposer tant les minauderies d’un seul Ezra Miller suffisaient à notre peine.

Sur le fond de l’intrigue, on avoue n’avoir jamais rien vu d’aussi inutilement abscons depuis Tenet (2020) de Christopher Nolan. De sorte que la fulgurance lumineuse rouge et or de Flash et le gel poétique des ralentis de sa course – maintes fois utilisés par ailleurs – échouent à masquer la superficialité du récit.

The Flash atteste ce faisant que les nouveaux patrons de DC Studios, James Gunn et Peter Safran, surenchérissent jusqu’à l’absurde sur le grigri narratif du « multivers » développé par Marvel, qui n’est rien d’autre que l’enfumage conceptuel du moment, destiné à nimber d’une pseudo-complexité le grand ressort manichéen de la machinerie superhéroïque. Le vieil adage se vérifie donc, selon lequel plus la Warner décalque Disney, plus ses films sont mauvais, et plus elle s’en éloigne (Batman, Wonder Woman, The Joker), meilleurs ils sont.

Source: Le Monde