Casino guichard : La Bourse s'enflamme après l'offre du trio Niel-Pigasse-Zouari pour Casino
(BFM Bourse) - Les trois hommes d'affaires ont émis une proposition auprès du groupe de distribution avec comme projet de renforcer les fonds propres de la société stéphanoise pour un montant allant jusqu'à 1,1 milliard d'euros, soit la même somme proposée par Daniel Kretinsky.
Le feuilleton Casino se poursuit avec une nouvelle péripétie. Le trio composé du fondateur d'Iliad Xavier Niel, du banquier d'affaires Matthieu Pigasse et de l'entrepreneur spécialisé dans la distribution Moez-Alexandre Zouari, a adressé une lettre d'intention préliminaire à la société stéphanoise en grande difficulté, avec une dette plus de 5 milliards d'euros à fin mars.
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Ce trio avait déjà manifesté sa volonté de formuler une offre pour remettre d'aplomb le groupe de distribution après que Teract et Casino ont finalement décidé de ne pas se rapprocher. Selon un communiqué de Casino, les trois hommes d'affaires proposent de renforcer les fonds propres du groupe de distribution à hauteur d'un maximum de 1,1 milliard d'euros, dont 200 à 300 millions d'euros directement investis par eux-mêmes.
Des éléments qui confirment ainsi les informations qui avaient été rapportées la semaine dernière par BFM Business.
Outre leurs propres apports, les trois acolytes associeraient à ce projet des "partenaires" dont des créanciers de Casino qui souhaiteraient réinvestir en capital, pour parvenir ainsi à lever les quelque 1,1 milliard d'euros.
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La réduction de la dette en question
"Cette proposition serait assortie, dans la mesure du nécessaire, d’une adaptation de la dette existante de Casino à ses capacités et à la préservation de son potentiel de croissance. A ce stade, il ne s’agit pas d’une offre ferme mais d’une manifestation d’intérêt préliminaire qui pourrait ne pas aboutir", précise la société dans un communiqué. "Le groupe étudiera cette manifestation d’intérêt et tiendra le marché informé en cas de nouvel élément matériel", ajoute Casino.
L'offre du trio se met ainsi au niveau de la proposition de l'homme d'affaires tchèque, Daniel Kretinsky. Ce dernier a présenté comme projet un renflouement de 1,1 milliard d'euros de capital, dont 750 millions d'euros seraient directement apportés par sa holding, Vesa Equity Investments, qui possède déjà un peu plus de 10% de Casino.
Ce projet pose comme préalable une réduction de la dette brute non sécurisée de la part de Casino. Selon Bloomberg, l'homme d'affaires tchèque pourrait proposer aux créanciers de racheter la dette qu'ils portent à une forte décote mais avec un prix toujours supérieur à celui du marché secondaire. L'AFP, elle, évoque une décote de 60% par rapport à la valeur de la dette, avec un remboursement soit en liquidités soit en actions.
Des petits porteurs qui ignorent la dilution?
A la Bourse de Paris, l'action Casino s'envole, prenant 20% vers 10h30 après ces informations. "Il est probable que cette hausse soit due à des petits porteurs individuels qui se positionnent sur le titre, au regard de l'actualité et maintenant qu'il y a deux offres sur la table", considère Clément Genelot, analyste chez Bryan Garnier & Co.
"Mais ces petits porteurs n'ont probablement pas en tête la dilution à venir sur l'action, avec à la fois des injections de capital mais aussi de la dette qui sera probablement convertie en actions", ajoute-t-il.
Les simples montants des injections de capital des deux projets, de 1,1 milliard d'euros, représentent à eux seuls nettement plus que la capitalisation boursière de Casino, qui se situe actuellement à 830 millions d'euros.
Cela n'est pas sans rappeler le dossier Orpea, dans lequel des analystes ont estimé que des petits porteurs ont pu se positionner en début d'année sur l'action tout en ignorant la méga-dilution (99,6% minimum) liée à la recapitalisation que projette le groupe de maisons de retraite.
Un dossier très politique
Reste à savoir laquelle des deux propositions convaincra le groupe mais aussi ses créanciers. Rappelons que Casino est en procédure de conciliation depuis la fin mai en vue de renégocier sa dette avec ses créanciers. Deux conciliateurs ont été nommés, maître Aurélia Perdereau et maître Marc Sénéchal. Cette conciliation durera quatre mois et pourra être prorogée d'un mois supplémentaire.
"Il est dur de dire laquelle des deux peut tenir la corde et on ne peut pas exclure qu'il y ait, au final, un mix des deux offres", souligne Clément Genelot. "Le choix dépendra des juges, des créanciers et peut-être du gouvernement", ajoute-t-il.
Car le sujet Casino revêt également une dimension politique non négligeable. Cela devient "hyper politique", a déclaré à BFM Business une source proche du dossier, pour qui le gouvernement s'inquiète, même, vu l’ampleur du sujet, les 50.000 salariés en France que compte le groupe et l’impact à prévoir en régions pour tout un écosystème.
De son côté de Bercy ne panique pas et se dit "attentif" à la situation, sans commenter davantage, à ce stade. Bercy mise sur une solution industrielle qui permettrait d’éviter la casse sociale. Mais "les choses peuvent aller très vite", selon un concurrent de Casino tandis qu'un autre estime même qu'on est "déjà dans le démantèlement".
Plusieurs médias ont rapporté ces derniers jours qu'Auchan et même Carrefour suivaient le dossier.
Par Julien Marion avec Pauline Tattevin
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse