En Israël, la droite mobilisée pour la réforme de la Cour suprême
Des manifestants soutenant le projet du gouvernement de réforme du système judiciaire se rassemblent près du parlement israélien à Jérusalem (Israël), le 27 avril. AHMAD GHARABLI / AFP
La droite israélienne a réussi une démonstration de force, jeudi 27 avril, en mobilisant dans les rues de Jérusalem jusqu’à 200 000 personnes en faveur du projet de refonte de la justice du gouvernement de Benyamin Nétanyahou. Rassemblés près de la Knesset, les manifestants ont voulu prouver que cette réforme, contestée par une grande partie du pays, n’était pas morte. Le premier ministre l’a mise en « pause » le 28 mars, afin de mener des négociations avec son opposition, qui paraissent pour l’instant dans l’impasse.
La foule, sincèrement en colère, était constituée de familles religieuses descendues des colonies de Cisjordanie occupée, mais aussi de juifs traditionnels et laïques, de conservateurs, et de quelques ultraorthodoxes mizrahim (juifs originaires du Proche-Orient et du Maghreb). Ils étaient certes moins nombreux que ceux, laïques, libéraux et très diplômés, qui protestent contre la réforme deux fois par semaine depuis janvier, mais leur mobilisation compte parmi les plus vastes de l’histoire récente de la droite israélienne, qui se rassemble très rarement dans les rues.
Alors que le Parlement ouvre sa session d’été le 1er mai, le premier ministre a fait savoir dans la soirée que cette manifestation lui « réchauff[ait] le cœur ». Mais il en était absent. La mobilisation a semblé autant dirigée contre les opposants au projet que vers M. Nétanyahou lui-même, qui, depuis plusieurs semaines, multiplie les signaux indiquant que la réforme ne pourra pas, pour l’heure, être imposée au pays.
Une droite modérée s’écarte des radicaux
Ses alliés ne lui en donnent pas quittance : « Le peuple demande une réforme de la justice et il aura une réforme de la justice », a martelé le chef de file du sionisme religieux, Bezalel Smotrich, ministre des finances et chargé de l’administration des territoires occupés au sein du ministère de la défense. Sur la scène dressée devant les manifestants, le ministre de la justice, Yaïr Levin, membre du Likoud, a déploré la mauvaise foi de ses interlocuteurs au sein de l’opposition : « Depuis un mois, ils disent non à toutes nos propositions, » affirmait-il.
A leurs côtés, des religieux et des barons du Likoud en ont appelé au « peuple » contre les « mensonges » d’une « minorité », l’élite des universités, des médias et de la justice, agissant selon eux au sein de l’Etat pour les empêcher de gouverner. « Honte [à eux] », a crié la foule, qui a noyé les rues sous les drapeaux israéliens, comme ses opposants. « Ne nous volez pas nos victoires », « Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone », ont également scandé les protestataires.
Il vous reste 49.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source: Le Monde