Nutri-Score : pourquoi le lait est rétrogradé et le hareng promu

April 28, 2023
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Par Marie-Josée Cougard

Publié le 28 avr. 2023 à 11:04 Mis à jour le 28 avr. 2023 à 11:31

Le Nutri-Score n'est pas obligatoire mais s'est répandu à vitesse grand « V » en France. En l'espace de six ans , le système de notation des aliments est incontestablement devenu un repère utile aux consommateurs, qui voient dans la notation de A à E assortie de couleurs de vert à rouge, un logo simple. Une information immédiate sur la qualité nutritionnelle des aliments et des boissons, que l'on trouve désormais sur 60 % des produits.

La méthode de calcul vient d'être modifiée « pour promouvoir des choix alimentaires plus favorables à la santé », selon Santé publique France. Il en résulte des changements qui ne sont pas toujours au goût de tous les secteurs de l'industrie agro-alimentaire. La filière laitière est particulièrement contrariée que le lait ait été « déclassé » à cette occasion de la catégorie A la plus saine à la catégorie B, où l'on trouve certains jus de fruit et eaux aromatisées, voire en C pour le lait entier.

Dans un courrier adressé à la Première ministre, Elisabeth Borne, l'Association de la transformation laitière (ATLA), s'insurge contre ce « non-sens », source de « danger pour l'équilibre nutritionnel des Français, qui souffrent déjà d'importantes carences en calcium » . Et regrette que le nouveau Nutriscore « ne prenne pas mieux en compte la teneur en protéines des fromages », qui à 80 % restent en D ou E. Seuls l'emmental et quelques fromages moins riches en matière grasse ou en sel ont une note un peu plus favorable (C).

Les édulcorants mal placés

A l'inverse, les poissons gras et les fruits de mer sont plus nombreux à accéder à la catégorie A en raison de leur teneur en Omega 3. Les produits céréaliers complets riches en fibres aussi remontent en A et B. Les huiles de noix et d'olive, riches en acides gras insaturés passent en B.

Le nouveau Nutri-Score fait également la part belle à la volaille contrairement à la viande rouge. D'une manière générale, une forte teneur en sucre pénalise les produits en termes de notation . C'est le cas de la majorité des céréales de petit-déjeuner, mais aussi des yaourts à boire et laits chocolatés, aromatisés….

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L'eau reste la seule boisson en A. « C'est une façon de dire au consommateur que c'est la seule source d'hydratation neutre et la meilleure de ce fait », explique le professeur Serge Hercberg, dont les travaux sur la nutrition ont servi de base à l'élaboration du Nutri-Score. L'écart de notation entre les boissons sucrées et les boissons édulcorées a été resserré pour mieux « tenir compte des recommandations de l'OMS et pour inciter les industriels à diminuer réellement le sucre plutôt que d'avoir recours aux édulcorants », précise Santé Publique France.

Hostilité de l'Italie

Le Nutri-Score est utilisé dans cinq autres pays européens et la Suisse depuis son lancement en France en 2017. La Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Tous ont adopté le nouvel algorithme de calcul du Nutri-Score le 30 mars sur la base des propositions d'un comité scientifique, où chacun compte « un expert indépendant ». L'idée de ce comité était de « fournir une discrimination supplémentaire entre les aliments et d'encourager la reformulation par les industriels ».

De son côté, la Commission européenne dit « travailler à la révision du règlement sur l'information des consommateurs sur les denrées alimentaires… pour leur permettre de faire des choix éclairés, sains et durables ». Une analyse d'impact est en cours de préparation… L'exécutif européen « recueille des preuves et des données solides » et précise « qu'aucune décision n'a encore été prise concernant les prochaines étapes ».

La Commission avait promis de rendre obligatoire un logo nutritionnel harmonisé à l'ensemble de l'Union européenne en 2022, puis en 2023. Finalement, selon nos informations, rien ne se fera avant les élections européennes en 2024 compte tenu de la bronca provoquée par le projet.

L'Italie, la première y a vu une remise en cause de sa gastronomie, des fromages à la charcuterie en passant par la pizza et les pâtes. « Un complot » aux dires de Georgia Meloni, Présidente du Conseil des ministres d'Italie qui en a fait un thème de campagne très fort. Plusieurs pays se sont rangés derrière l'Italie dans le camp hostile au Nutri-Score, laissant augurer des difficultés à venir pour l'imposer.

Source: Les Échos