Péages : ce que cachent les gestes des compagnies d'autoroutes pour les automobilistes

June 14, 2023
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Comme d'autres sociétés d'autoroutes, le réseau Sanef promet à son tour une ristourne sur les prix cet été. Et pour cause : le gouvernement leur met la pression. Le décryptage de Fanny Guinochet.

Depuis des mois, le gouvernement demande aux sociétés d'autoroutes de modérer leurs prix. Les tarifs des péages ont en effet augmenté en moyenne de plus de 4,5%, selon les derniers chiffres du mois de février. Il faut dire que, globalement, les sociétés d’autoroutes se portent plutôt bien. Un rapport de Bercy montre qu’elles ont engrangé des superprofits ces derniers mois avec des taux de rentabilité parfois supérieur à 10%.

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De fait, toutes les compagnies - Sanef, Area, Vinci, notamment - promettent les unes après les autres, des réductions sur les péages pour les vacances, en juillet et en août. Sachant que ces gestes peuvent faire tousser les consommateurs, car à chaque fois, il y a de nombreuses conditions pour pouvoir en bénéficier : être abonné au système de télépéage de ces sociétés ou bien payer en chèques vacances. Vous pouvez alors espérer faire baisser le prix de votre trajet de 20 à 50 %, mais ça ne concerne finalement que peu d'usagers.

Sous la menace

S'il y a autant d'efforts mis en place, car les sociétés d’autoroutes craignent une taxe, un prélèvement. Bruno le Maire, le ministre de l’Économie, et Clément Beaune, ministre des Transports, ne cachent pas leur envie de ponctionner une partie des profits de ces sociétés pour financer la transition écologique, notamment les 100 milliards d’euros que le gouvernement promet de mettre sur le transport ferroviaire d’ici 2040. L’exécutif aurait d’autant moins de scrupules à le faire que la question des concessions fait toujours polémique. Les privatisations des autoroutes restent une source inépuisable de discussions – politiques et économiques – autour de la nécessité ou non de les renationaliser.

Ce n’est pas si simple, car cela revient donc à racheter les autoroutes, avant la fin des contrats, ce qui coûterait très cher à l’État, entre 40 et 50 milliards d’euros selon Bercy, qui devrait payer des pénalités, des compensations aux sociétés. Car la plupart des grandes concessions sont encore actives jusqu’aux années 2030, et même au-delà. C’est juridiquement très encadré.

Les groupes comme Cofiroute ou Sanef, forcément, font valoir leurs droits et assurent que, grâce à leur entretien des axes routiers, la France dispose d’un des meilleurs réseaux du monde. Sous-entendu : l’État ne fera pas aussi bien. Il n’empêche, le gouvernement étudie, quand même, avec le Conseil d'État un éventuel raccourcissement de quelques années de certaines concessions.

Source: franceinfo