" Ne pas mentir à Koh-Lanta, c’est se tirer une balle dans le pied ", estime Frédéric, le gagnant

June 14, 2023
453 views

Frédéric a vaincu le feu sacré. Mardi soir à l’issue de la finale diffusée sur TF1, le candidat de 33 ans a remporté « Koh-Lanta », s’imposant face à Tania. Une soirée particulièrement heureuse pour l’aventurier puisque, en première partie de l’émission, les téléspectateurs ont pu découvrir sa victoire sur l’épreuve mythique des poteaux, malgré une blessure au pied. Il a ensuite fait le choix stratégique de renoncer à sa promesse envers Nicolas, jugé trop dangereux, pour affronter Tania lors du jury final.

C’est donc un aventurier particulièrement stratège qui a remporté « Koh-Lanta » cette année. Membre de l’alliance des « quatre fantastiques » avec Gilles, Quentin et Nicolas, Frédéric a su mener sa barque avec tactique et ruse, en ayant recours parfois au mensonge et à la trahison. Une stratégie qui s’est révélée payante. Ses anciens camarades, loin de lui en tenir rigueur, l’ont finalement désigné grand vainqueur. Frédéric, dont les gains remportés nourriront un projet d’ouverture d’un bar à cocktails en 2024, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Cette victoire a-t-elle été une grosse surprise ou vous vous y attendiez ?

C’était une surprise, je n’étais pas certain de gagner en arrivant. Il y avait quelques votes dont j’étais assuré parce qu’on me l’avait dit, notamment le quatuor. J’étais sûr d’avoir au moins trois voix et je savais que Tania en avait au moins deux avec Esteban et Julie. Le reste a été de la découverte.

Lors de la finale, Denis Brogniart a dit de vous que vous sembliez comme « programmé pour aller au bout de cette aventure ». Qu’en pensez-vous ?

Ce n’est pas vraiment mon point de vue. Dans le jeu, je me demandais comment faire pour aller le plus loin possible, mais j’avançais au jour le jour. Forcément, quand on voit que certaines stratégies fonctionnent et permettent d’être à l’aise pendant deux ou trois jours, on essaie d’enchaîner les coups comme ça pour aller le plus loin. Mais, au départ, je ne faisais pas partie de ceux qui se voyaient être à l’orientation ou sur les poteaux.

A quel moment de l’aventure avez-vous commencé à vous dire que gagner était possible ?

Très tard, au moment des poteaux. Je prenais du plaisir à jouer de cette manière avec des stratégies, mais je m’étais exposé et je n’avais pas anticipé le fait qu’il fallait aussi se mettre dans la poche, entre guillemets, les personnes qui sortaient. Je savais que je n’allais pas me faire des amis en faisant ça, mais je ne voyais pas le jeu assez loin pour me dire que ça pouvait me porter préjudice en finale. C’est sur les poteaux que je me demande : « Si je gagne, qu’est-ce que je fais ? Parce que le jury ne doit pas trop m’apprécier. »

Vous remportez les poteaux alors qu’on ne vous donne pas forcément gagnant à cause de votre blessure au pied. Qu’est-ce qui vous a permis de dépasser ça ?

Cette blessure m’a mis un bon coup au moral. Elle est arrivée la veille des poteaux, j’ai beaucoup cogité toute la nuit et j’ai très peu dormi. Je suis arrivé très fatigué sur cette épreuve, donc pas forcément à l’aise. Mais à un moment donné je me suis senti vraiment bien et c’est là que j’ai compris que je pouvais gagner.

Vous créez la surprise juste après votre victoire en choisissant Tania au lieu de Nicolas votre allié. Cela a été une décision difficile ou s’est-elle imposée facilement à vous ?

Ça a été la décision la plus difficile de mon « Koh-Lanta ». Je savais que j’allais blesser Nicolas à ce moment-là. Quand je lui avais dit que je le choisissais, il n’y avait vraiment aucune arrière-pensée et je voulais vraiment le voir avec moi sur les poteaux. C’était la suite logique de notre alliance historique. Mais, au final, quand je me suis dit que je pouvais gagner, je me suis demandé si le choisir était vraiment un bon choix stratégique. Vu la manière dont je m’étais exposé, je n’avais aucune chance face à un Nicolas. C’est un aventurier incroyable et moi-même j’aurais voté pour lui. Vis-à-vis du jury final je m’étais fait des pronostics dans la tête et je pensais qu’il gagnerait haut la main. D’où mon choix.

Vous avez eu l’occasion d’en reparler avec lui ?

On l’a fait directement après le conseil final. Il a très bien pris la chose et il a compris ma position et ma réflexion. Dans la foulée il m’a même avoué qu’il avait voté pour moi lors du vote final.

Le montage de l’émission et Denis Brogniart en plateau insistent beaucoup sur ce choix. Vous ne l’avez pas mal vécu ?

Non, quand on regarde « Koh-Lanta », on sait que la stratégie et ces coups-là font partie du fait que le public aime tant cette émission. Et quand on le fait, il faut s’attendre à avoir ce type de questions derrière. C’est normal parce qu’il faut aussi prendre le temps d’expliquer le pourquoi du comment aux principaux intéressés. Par contre, oui, sur les réseaux sociaux, ça s’affole. Je n’ai pas encore pris le temps de regarder mais ça me passe un peu au-dessus de la tête.

Vous semblez faire très vite la part des choses en assumant être dans un jeu, d’où cette facilité à trahir ou mentir. Un aspect qu’on ne voit pas dans toutes les saisons de « Koh-Lanta » où les gens ont tendance à prendre ça très à cœur…

J’ai déjà remarqué que certaines personnes à « Koh-Lanta » ont l’impression que c’est un prolongement de la vie. Que comme leur valeur est de ne pas mentir, ils ne mentiront pas. Mais c’est se tirer une balle dans le pied parce que c’est un jeu de stratégie, on doit donc en mettre en place pour avancer le plus loin possible. Et on sait que ça peut passer aussi par le mensonge. Dès le premier conseil, on vote de manière stratégique parce qu’on doit s’accorder avec plusieurs personnes pour en éliminer une. Même si on parle de mérite, ça reste de la stratégie. Le public voit ce mot comme un gros mot et pourtant c’est ce qui fait que « Koh-Lanta » est aussi agréable à regarder.

Vous dites ne pas vous être préparé à la stratégie. C’est donc une compétence que vous vous êtes découverte lors de cette aventure ?

Je joue beaucoup aux jeux de société. Si je prends l’exemple d’un Loup-Garou par exemple, c’est un jeu où on doit mentir et être hyperpersuasif. Je ne pensais pas venir sur « Koh-Lanta » en jouant spécialement sur cet axe-là. Mais à partir du moment où il y a eu la recomposition des équipes et où on s’est senti en danger en arrivant chez les Tinago, on a commencé à mettre en place cette première stratégie. Quand j’ai vu que ça avait fonctionné, ça a libéré la vanne. Après je n’avais plus aucun scrupule, entre guillemets, à mentir dans le cadre du jeu parce que pour moi c’était jouer, tout simplement. Et j’ai adoré jouer de cette manière-là. Même si aujourd’hui je me prends des critiques sur les réseaux sociaux, je ne regrette rien parce que j’ai pris du plaisir à jouer ce « Koh-Lanta ».

Votre métier de directeur commercial a-t-il été un atout ?

Je pense que ça m’a aidé parce que, quand on est commercial, on doit guider vers une certaine direction. Forcément, quand il fallait argumenter pour monter des stratégies ou faire croire à des choses, j’avais peut-être quelques facilités.

Peut-être allez-vous être approché par des recruteurs…

J’ai arrêté mon boulot de directeur commercial parce que ce n’était pas un métier passion. C’est vrai qu’en parallèle j’ai reçu pas mal de demandes sur Linkedin de la part de recruteurs. Mais je n’y retournerai pas.

Avez-vous découvert d’autres aspects de vous-même lors de cette aventure ?

A force de se retrouver seul sur l’île, comme la nuit pour s’occuper du feu par exemple, ça permet d’avoir des moments pour réfléchir et faire le point sur sa vie. Avant je détestais être tout seul, il fallait que je bouge à gauche, à droite et être tout le temps entouré. Aujourd’hui je prends plus de temps pour moi. Je réussis à recentrer mes priorités et à remettre au centre de ma vie les personnes les plus importantes.

Si on vous proposait de participer de nouveau à « Koh-Lanta », vous le referiez ?

Tout à fait. je suis un grand joueur et c’est donc comme si on me reproposait une nouvelle partie de Loup-garou. Je dirais oui.

Source: 20 Minutes