Les cinq réponses à attendre de la réunion de la BCE ce jeudi

June 14, 2023
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Par Rachel Cotte

Publié le 14 juin 2023 à 16:15 Mis à jour le 14 juin 2023 à 17:53

Les marchés seront suspendus aux annonces de Christine Lagarde ce jeudi. Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) se réunit pour déterminer la suite de sa politique monétaire et la présidente de l'institution communiquera sa décision dans l'après-midi.

Depuis le début de son cycle de relèvement de taux, en juillet dernier, la situation a commencé à évoluer. La zone euro est récemment entrée en récession et l'inflation globale a baissé chaque mois depuis le pic de 10,6 % observé en octobre. Selon les estimations d'Eurostat, elle est tombée en mai à son plus faible niveau depuis février 2022. L'inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l'énergie et de l'alimentation, a elle aussi reculé de 5,8 % à 5,3 % en un mois.

Ces données pourraient renforcer les arguments des « colombes » de l'institution, partisans d'une politique plus accommodante afin de soutenir l'économie. Mais ils se heurteront, lors des débats, à une autre réalité : la hausse des prix demeure bien au-delà de la cible que s'est fixée la banque centrale.

Tour d'horizon des cinq sujets qui seront particulièrement scrutés par les investisseurs.

1. De quelle ampleur sera la hausse ?

L'inflation globale, tombée à 6,1 % sur un an en mai selon les données d'Eurostat, reste largement supérieure à l'objectif de 2 % à moyen terme visé par la BCE. Les marchés tablent ainsi sur un tour de vis de la même ampleur que celui opéré par l'institution en mai, soit 25 points de base. Les commentaires des membres du Conseil des gouverneurs depuis la dernière réunion laissent en effet peu de doutes à ce sujet.

« Nous serons courageux et nous prendrons les décisions nécessaires pour ramener l'inflation à 2 % », a notamment martelé Christine Lagarde à la mi-mai. Pour les marchés, l'entrée en récession de la zone euro n'est pas susceptible d'infléchir cette position.

Une hausse d'un quart de point portera le taux de dépôts à 3,50 %, son niveau le plus élevé depuis novembre 2008. Le taux de refinancement atteindra 4,00 %, et le taux de la facilité de prêt marginal 4,25 %.

2. Quelles sont les perspectives pour l'inflation ?

Christine Lagarde a averti la semaine dernière qu'il n'y avait « pas de preuve tangible » que l'inflation sous-jacente avait atteint un pic. Et les récents accords d'augmentation des rémunérations, à l'issue des négociations salariales, pourraient alimenter la hausse des prix, tout comme le manque de personnel dans les services, juge Carsten Brzeski, chef économiste chez ING. « Il faudra attendre la fin de l'année pour que l'inflation globale retombe dans la fourchette de 3 % à 4 % », estime-t-il. Deutsche Bank anticipe par ailleurs pour cet été un rebond des prix dans les services, lié notamment au tourisme.

En mars, la BCE prévoyait une inflation à 5,3 % en moyenne pour cette année et retombant à 2,1 % en 2025. L'institution disposera jeudi de nouvelles projections économiques sur trois ans. Elle pourrait revoir à la hausse ses prévisions pour l'inflation sous-jacente.

3. Quand l'institution marquera-t-elle une pause ?

Selon Andrew Kenningham, chez Capital Economics, la BCE « fera allusion à une hausse probable » des taux pour la prochaine réunion de juillet. Elle pourrait être de la même ampleur, soit 25 points de base. Les marchés tablent sur la fin du cycle haussier d'ici à septembre. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a en effet indiqué en mai que les taux devraient atteindre leur pic d'ici à la fin de l'été.

« La durée pendant laquelle nous maintiendrons les taux est maintenant plus importante que le taux terminal précis que nous atteindrons », a-t-il par ailleurs affirmé. La BCE « soulignera que la politique monétaire restera restrictive pendant une période prolongée », prédit pour sa part Andrew Kenningham.

4. Comment va se poursuivre la réduction du bilan de la BCE ?

Le Conseil des gouverneurs devrait confirmer l'accélération du rythme de réduction du bilan de la BCE. Le resserrement quantitatif est son autre arme pour lutter contre l'inflation.

Depuis le mois de mars, la BCE dégonfle son bilan. Elle a cessé de réinvestir la moitié des remboursements issus des obligations acquises dans le cadre de son principal programme d'assouplissement quantitatif (Asset purchase programme ou APP), avec un objectif de 15 milliards d'euros de réduction par mois.

A l'issue de la réunion du mois dernier, la BCE avait indiqué qu'elle « entendait » cesser totalement, à partir de juillet, de réinvestir les montants issus des remboursements des titres arrivés à échéance dans son portefeuille APP.

L'institution devrait également évoquer la question de l'extinction des TLTRO, ces prêts de long terme accordés à un coût avantageux aux banques lors de la pandémie. Une échéance majeure se rapproche, puisque près de 500 milliards d'euros devront être remboursés par les banques de la zone euro au 28 juin.

Selon Bloomberg, certains pays, comme l'Italie, pourraient être mis à rude épreuve. L'encours de ses emprunts dans le cadre du programme TLTRO est en effet supérieur aux liquidités excédentaires que les banques ont déposées à la BCE. Cela signifie que certains établissements devront trouver ailleurs les fonds pour rembourser les prêts accordés par l'institution.

5. La BCE pourrait-elle être influencée par la décision de la Fed ?

Mercredi, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait, selon les pronostics des marchés, maintenir ses taux inchangés en juin. La BCE pourrait-elle être tentée de marquer également une pause dès juillet ?

L'institution de Francfort, qui a débuté ses premiers tours de vis plus tard que son homologue américaine, ne devrait pas lui emboîter le pas immédiatement. Christine Lagarde devrait rappeler que la politique de la BCE ne dépend pas de celle de son homologue américain.

Toutefois, si une récession durable se confirmait outre-Atlantique, les répercussions sur l'économie de la zone euro pourraient amener l'institution de Francfort à réévaluer sa position.

Source: Les Échos