Aux Etats-Unis, la Fed marque une pause dans la hausse des taux
Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, à Washington, le 14 juin 2023. MANDEL NGAN / AFP
Après avoir augmenté ses taux directeurs au cours de dix réunions consécutives, la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), a décidé, mercredi 14 juin, de laisser ses taux inchangés, dans une fourchette comprise entre 5 % et 5,25 %. Cette pause était largement attendue par les marchés financiers. Toutefois, l’institution de Washington s’est gardée de déclarer « mission accomplie » dans son combat contre l’inflation.
Au mois de mai, celle-ci est certes tombée à 4 % sur un an, alors qu’elle avait atteint en juillet 2022 un record de 9,1 %. Cependant, hors énergie et alimentation, ce taux annuel reste de 5,3 %, un niveau beaucoup trop élevé pour la Fed, qui vise un rythme annuel de 2 %. Résultat, ses membres estiment que, d’ici la fin de 2023, la banque relèvera de nouveau ses taux à deux reprises, pour atteindre la fourchette 5,5 %-5-75 %. En définitive, il s’agit davantage d’un cessez-le-feu provisoire que d’une victoire contre la hausse généralisée des prix.
Le sens de ces annonces a été beaucoup débattu. D’aucuns y voient une manière d’apaiser les marchés financiers, qui ne croient pas la Fed et son président Jerome Powell. Ils sont persuadés qu’elle sera obligée de réduire ses taux beaucoup plus rapidement que prévu, en raison du ralentissement économique. Ils ont déjà anticipé ce « pivot » monétaire et une baisse des taux.
Depuis les plus bas niveaux atteints en octobre 2022, l’indice S&P 500, qui représente les grandes entreprises, a gagné 25 %, tandis que le Nasdaq, riche en technologies, a bondi de 35 %. Confirmer que la hausse était révolue, c’eût été faire baisser encore les taux à long terme (ceux à dix ans sont de 3,8 % contre 4,25 % en octobre 2022) et alimenter la flambée de Wall Street, autrement dit doper l’économie au lieu de la freiner.
Un marché de l’emploi très résistant
L’autre thèse est que ladite économie est effectivement encore beaucoup trop dynamique et que la Fed, soucieuse de ne pas réitérer les erreurs des années 1970 quand elle avait crié victoire trop rapidement dans son combat contre l’inflation, souhaite vraiment ralentir le moteur. Il y a eu, à l’hiver 2022, un premier incident grave avec la faillite de banques régionales, mais cet événement, s’il pèse sur les conditions de crédit, n’a pas eu d’effet systémique majeur, contrairement aux craintes exprimées.
Ainsi, la Fed prévoit désormais une croissance de 1 % en 2023, contre 0,4 % dans ses prévisions de mars. Elle table sur un marché de l’emploi très résistant, avec un chômage limité à 4,1 % (contre 4,5 % prévus en mars) et une inflation hors énergie et alimentation de 3,9 % (contre 3,6 % en mars).
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Source: Le Monde