A La France insoumise, verrouillage à tous les étages

June 15, 2023
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L’ancien candidat de LFI à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, répond à des journalistes lors de la 14e journée de mobilisation contre la réforme des retraites, à Paris, le 6 juin 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR «LE MONDE»

Samedi 17 juin, ils seront une centaine de militants « insoumis » à se retrouver à Paris, à La Bellevilloise, pour l’assemblée représentative de La France insoumise (LFI), la deuxième depuis la présidentielle de 2022. Un rendez-vous entre des représentants de la base, tirés au sort, et la direction. Pas une « grand-messe » mais un moment pour « travailler », assure la députée européenne Manon Aubry. Manuel Bompard, numéro un du mouvement, promet « une discussion tactique et stratégique sur la séquence, les perspectives, la Nupes [Nouvelle Union populaire écologique et sociale] et les européennes », et se félicite : il y a, selon lui, dans toute la France 70 000 participants à des groupes d’action.

Derrière ce tableau optimiste, la crise est loin d’être terminée pour le premier mouvement de gauche, qui refuse le nom de parti. En décembre, les historiques de LFI découvraient que la nouvelle direction s’était faite sans eux. Jean-Luc Mélenchon était alors accusé de verrouillage généralisé. Pendant la bataille des retraites, les critiques avaient été mises sous l’éteignoir. Maintenant que la pression est retombée, elles refont surface.

Au sommet d’abord. A voix basse, des députés se demandent où et comment se décide la ligne politique. Officiellement en retrait, M. Mélenchon assure à ceux qui viennent lui demander des places aux européennes qu’il n’est plus à la manœuvre. Dans les faits, le fondateur de LFI reste central. « LFI, c’est la propriété privée de Jean-Luc. Il a l’argent, et choisit la couleur des volets. Le concierge, c’est Manu », résume un élu, sous le couvert de l’anonymat. Chaque semaine, l’ancien sénateur socialiste continue de recevoir sa garde rapprochée en dehors des instances. « Ça m’arrive de faire un point le lundi, le dimanche… à trois, quatre, sept avec Jean-Luc », reconnaît Manuel Bompard.

Cette rencontre informelle précède la réunion hebdomadaire de la direction, le lundi après-midi, à laquelle l’ex-candidat à la présidentielle participe également la plupart du temps. Aucun compte rendu n’est rédigé, mais en quarante-huit heures, des éléments de langage descendent aux députés, en réunion de groupe. Après avoir étalé publiquement leurs désaccords, certains de ceux qui animaient les critiques en janvier – Clémentine Autain, Alexis Corbière – ont fini par quitter le bureau du groupe à l’Assemblée nationale. Par souci d’« apaisement », se bornent-ils à dire. Seule Raquel Garrido continue de se risquer, comme le 6 juin dans Libération, à formuler des demandes de réforme du fonctionnement de LFI.

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Source: Le Monde