En Pologne, la loi anti-IVG au cœur des manifestations après la mort de Dorota Lalik

June 15, 2023
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Omar Marques / Getty Images Omar Marques / Getty Images

INTERNATIONAL - Plusieurs milliers de Polonais ont manifesté à Varsovie mercredi 14 juin pour dénoncer un nouveau décès de femme enceinte, dont ils rendent responsable la loi anti-IVG polonaise, parmi les plus restrictives en Europe.

Dorota Lalik, 33 ans, est décédée le 24 mai dans un hôpital à Nowy Targ, dans le sud de la Pologne. Elle y avait été admise trois jours auparavant alors qu’elle venait de perdre ses eaux. Elle est décédée d’une septicémie provoquée par la mort dans son ventre de son fœtus de 20 semaines, selon un communiqué de sa famille.

« Les infirmières lui ont dit de se coucher les jambes par-dessus la tête pour récupérer les eaux », a déclaré le mari de Dorota Lalik au quotidien Gazeta Wyborcza. « Personne n’a suggéré de provoquer une fausse couche pour sauver Dorota, puisque les chances de survie du bébé étaient réduites », a-t-il ajouté Marcin Lalik.

Les médecins ont refusé d’intervenir tant que la mort du bébé n’était pas confirmée. Son décès a été acté le 24 mai à 5h20, et l’ablation de l’utérus a été autorisée seulement deux heures plus tard. Trop tard pour Dorota, qui est décédée à 9 h 39, raconte Le Monde.

« Arrêtez de nous tuer ! »

La loi anti-IVG permet en théorie aux médecins de pratiquer un avortement si la vie de la femme est en danger ou en cas d’inceste, mais dans la pratique elle est tellement restrictive que les médecins ont peur de le faire. Dorota est la sixième femme à mourir à cause de cette quasi totale interdiction d’avorter depuis l’entrée en vigueur de la loi en 2020, relate Le Monde.

« Ils provoquent en Pologne la mort de jeunes femmes, de jeunes mères, car ils ont peur des conséquences ou ont une vision particulière du monde », a dit à l’AFP Julia Cieslak, une manifestante de 40 ans qui portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Arrêtez de nous tuer ! »

Des manifestations similaires ont une lieu dans cinquante villes et villages de Pologne en souvenir de Dorota, ainsi que d’Agnieszka, Justyna, Izabela, Anna, et de Marta.

« Tout est politique quand vous êtes une femme en Pologne », a déploré une autre manifestante, Katarzyna Kotula, député de la Nouvelle Gauche. « En particulier si vous êtes une femme enceinte », a-t-elle ajouté. « En raison de décisions politiques, des femmes meurent dans les hôpitaux polonais ».

Une activiste condamnée pour avoir aidé à un avortement

En mars, une activiste polonaise avait été condamnée par un tribunal de Varsovie à des travaux d’intérêt général pour avoir aidé à un avortement, un cas sans précédent en Pologne.

D’après un sondage réalisé début mars, 83,7 % des Polonais sont favorables à une libéralisation de la loi sur l’avortement. Seules 11,5 % des personnes interrogées voudraient maintenir le statut légal actuel.

La Pologne, un pays de tradition catholique, disposait déjà de l’une des lois les plus restrictives d’Europe en matière d’avortements lorsque la Cour constitutionnelle s’est rangée l’an dernier du côté du gouvernement populiste -nationaliste en déclarant les interruptions de grossesse pour malformation fœtale « inconstitutionnelles ».

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Source: Le HuffPost