Naufrage d’un bateau de migrants en Grèce : ce que l’on sait du drame qui a fait au moins 79 morts

June 15, 2023
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Le bilan pourrait encore s’alourdir, mais c’est déjà le plus meurtrier cette année en Grèce. Dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 juin 2023, une embarcation a chaviré au large de la ville de Pylos. À son bord : des centaines de migrants. Malgré une vaste opération de sauvetage, les autorités font état d’au moins 79 morts. 104 personnes ont pu être secourues, mais les chiffres évoqués par les médias grecs font craindre le pire : jusqu’à 700 personnes auraient pu se trouver à bord de l’embarcation.

Face au dramatique bilan, les services du Premier ministre ont annoncé que le pays observera trois jours de deuil.

Voici ce que l’on sait, pour l’heure, du naufrage qui a coûté la vie à 79 migrants au large de la Grèce.

Au moins 79 morts, le bilan pourrait s’alourdir

Selon les garde-côtes, qui précisent que le nombre de victimes pourrait grandir au fil des heures, 79 personnes se sont noyées lors du naufrage de l’embarcation au large des côtes grecques. 104 personnes ont pu être secourues, dont 27 ont été hospitalisées souffrant de fièvre et de déshydratation. Mais les autorités craignent de voir le bilan exploser : le bateau aurait transporté jusqu’à 700 passagers. Les gardes-côtes ont précisé qu’au moment du drame, aucun passager n’était équipé d’un gilet de sauvetage.

« Le navire faisait 25 à trente mètres de long. Le pont était bondé, et nous pensons que l’intérieur l’était aussi », a déclaré à la chaîne de télévision ERT le porte-parole des gardes-côtes, Nikolaos Alexiou.

Un porte-parole du gouvernement, Ilias Siakantari, a ajouté : « Nous ne savons pas combien de personnes étaient à l’intérieur, mais nous savons qu’il est habituel pour les passeurs de les enfermer, afin de maintenir le contrôle à bord ».

Dans un tweet, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué : « Nous craignons d’autres pertes en vies humaines. Des décomptes initiaux font état de 400 passagers ».

Une embarcation en provenance de Libye

Selon les informations des autorités, le navire naufragé avait appareillé de Libye pour gagner l’Italie. Le porte-parole des garde-côtes, Nikolaos Alexiou, a quant à lui précisé que la plupart des survivants étaient originaires de Syrie, du Pakistan ou d’Égypte.

Aux frontières extérieures de l’Union européenne en Méditerranée, la Grèce est un passage habituel pour beaucoup de ceux qui cherchent à migrer vers l’Union européenne à partir de la Turquie voisine.

De nombreux naufrages, souvent meurtriers, ont lieu en mer Egée tandis que la Grèce est régulièrement accusée par des ONG et des médias de refouler des migrants. Depuis le début de l’année, 44 personnes sont mortes noyées en Méditerranée orientale, d’après l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’an dernier, le nombre des personnes ayant ainsi péri s’est élevé à au moins 372.

L’embarcation avait été repérée dès mardi après-midi

Le navire avait été repéré mardi après-midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, mais les migrants à son bord auraient « refusé toute aide », ont affirmé les autorités portuaires grecques dans un communiqué. De son côté, interrogé par Franceinfo ce mercredi, Jérôme Tubiana, responsable du plaidoyer migrations à Médecins sans frontières, estime que les autorités auraient dû intervenir plus tôt. « Un bateau surchargé est un bateau en détresse, donc il n’y a pas de question de son état ou de sa capacité à continuer sa route », a-t-il déclaré, jugeant « choquant d’entendre que Frontex a survolé le bateau et qu’il n’y a pas eu d’intervention parce que le bateau a refusé toute aide ».

L’ONG Alarm Phone affirme avoir reçu un premier appel de détresse à 14 h 17. Plusieurs appels seront reçus dans les heures suivantes, permettant d’alerter les autorités grecques dès 16 h 53.

Un contact aurait été établi avec la police avant le naufrage

Lors d’autres appels de détresse, plusieurs passagers affirment que le capitaine a quitté l’embarcation, que le navire est surchargé, et qu’il tangue « d’un bord à l’autre », écrit encore l’ONG Alarm Phone dans un rapport.

Vers 20 h, les personnes à bord de l’embarcation informent Alarm Phone qu’elles ont reçu de l’eau de la part d’un navire à proximité, le Lucky Sailor, et qu’un contact a été établi avec la police.

Le dernier échange entre l’ONG et l’embarcation a lieu à 00 h 46.

La France témoigne « son soutien » aux autorités grecques

Après le naufrage, ce mercredi, la présidente grecque, Katerina Sakellaropoulou, s’est rendue sur place, et les réactions à l’international ont afflué.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a qualifié le naufrage d'« horrible », avant d’ajouter que « toute personne en quête d’une vie meilleure mérite la sécurité et la dignité ».

Dans un communiqué publié mercredi soir, le ministère français des Affaires étrangères a réagi à son tour, exprimant « sa profonde tristesse » et assurant « de son soutien [aux] autorités grecques ». Le Quai d’Orsay a ajouté que cette tragédie « rappelle l’importance de la coopération entre Européens et avec les pays tiers, en matière de sauvetage en mer et de lutte contre les réseaux de passeurs ».

Mercredi soir, les services du Premier ministre grec ont annoncé que le pays observera trois jours de deuil.

Source: Ouest-France