Disparition de Karine Esquivillon : "Son mari s'inventait une vie d'agent secret", raconte la sœur de la disparue
La garde à vue de Michel Pialle a été prolongée dans le cadre de la disparition, fin mars en Vendée, de son épouse, Karine Esquivillon. La soeur de la femme portée disparue décrit sur franceinfo un homme "toujours derrière elle", et avec une "attitude froide" qui l'a "mise très mal à l'aise".
Adélaïde Esquivillon avait déjà "des doutes" sur le "côté affabulateur" du mari de sa sœur Karine Esquivillon, portée disparue depuis fin mars en Vendée. Le placement en garde à vue de Michel Pialle mercredi, les révélations dans la presse sur son passé trouble et l'élargissement de l'enquête à des faits de "meurtre" n'ont fait que renforcer son appréhension. "Je m'attendais à cette garde à vue", concède Adélaïde Esquivillon, ce jeudi à franceinfo.
"Je trouvais qu'il y avait beaucoup d'éléments flous et des explications pas très cohérentes de sa part", explique-t-elle. "Son attitude froide m'a mise très mal à l'aise. Je crois de moins en moins à l'hypothèse de la mauvaise rencontre. C'est affreux d'imaginer que Michel ait pu faire quelque chose à ma sœur. J'ai peur. Quoi qu'il se soit passé, il faut qu'il nous parle. On a besoin de la vérité."
Un éloignement depuis 2015
La vérité, Adélaïde Esquivillon confesse à franceinfo avoir toujours eu du mal à la cerner avec son beau-frère. "Un jour, mon fils qui avait un peu vécu chez eux en 2015 m'a demandé si j'étais au courant que Michel était agent secret. Il lui avait montré des médailles. L'été, quand nous sommes allés là-bas, il nous les a montrées aussi. Je me suis dit qu'il les avait achetées à la brocante. J'avais le sentiment de quelqu'un qui s'inventait une vie et, évidemment, il ne fallait rien dire !"
Depuis cette année 2015, Adélaïde Esquivillon n'a plus vu sa sœur Karine, se contentant d'échanger avec elle par téléphone tout en regrettant "un véritable éloignement", "comme s'ils vivaient au bout du monde". Elle décrit une femme qui peu à peu "avait perdu de l'indépendance" et qui était, pense-t-elle, sous "une forme d'emprise". "Ils étaient quasiment tout le temps ensemble. Pendant des années quand je l'appelais, c'était Michel qui décrochait. Il était toujours derrière elle. C'était un peu la tour de contrôle."
Karine Esquivillon était même "distante dans ses derniers messages" avant sa disparition, raconte sa sœur. "Dans son dernier message, pour son anniversaire le 18 mars, alors qu'elle n'avait pas encore disparu, elle m'a répondu quelque chose comme 'journée sous la pluie mais des surprises, bisou'. Je me suis même demandé si c'est elle qui l'avait écrit."
Un appel entre Michel Pialle et Adélaïde Esquivillon
"43 jours après la disparition" de Karine Esquivillon, Michel Pialle a appelé une première fois sa sœur Adélaïde. "Très rapidement, il s'est mis à me parler de ma sœur comme de quelqu'un qui avait tout laissé tomber, qui entretenait des relations la nuit, de complètement désinvestie du quotidien à la maison... J'ai eu du mal à le croire."
Lors de cet appel du 10 mai, au lendemain de la découverte du téléphone de Karine Esquivillon dans un fossé, Michel Pialle émet l'hypothèse que sa femme a "peut-être installé un VPN" pour empêcher la tracabilité de ses coordonnées GPS. "Ca m'a énormément choquée", explique Adélaïde Esquivillon. "Surtout, je trouvais que les circonstances de sa disparition entre l'heure de l'école et la sortie inopinée du chat étaient très confuses. Ca m'a tout de suite inquiétée. Je le trouvais très froid et détaché, comme un robot."
Michel Pialle a ensuite essayé de rappeler "deux fois" Adélaïde Esquivillon. Il lui a finalement laissé un message vocal dans lequel "il n'était pas très aimable" et lui demandait d'"arrêter de dire n'importe quoi". "Je ne l'ai jamais rappelé", assure la sœur de la disparue à franceinfo. La garde à vue du mari a été prolongée ce jeudi. L'information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration a été élargie des faits de meurtre mercredi.
Source: franceinfo