Remaniement ou pas, dans la Vienne, Élisabeth Borne trace sa route tout en détente

June 15, 2023
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De notre envoyée spéciale à Liglet, La Trimouille et Saulgé (Vienne)

« Vous ne voulez pas nous dire que c’est beau, mais c’est loin ? » « Ah non, c’est juste beau ! », répond la Première ministre, d’un air presque badin. Élisabeth Borne n’est pas Jacques Chirac. Pour autant, elle est à l’aise, ce jeudi, en visite dans la Vienne. Accompagnée de plusieurs ministres (Christophe Béchu pour la Transition écologique et les territoires, Olivia Grégoire pour les PME, le commerce et l’artisanat, et Dominique Faure pour les Collectivités locales), la cheffe du gouvernement vient y présenter son plan France Ruralités.

Pas de manifestations ni de bruits de casseroles à l’horizon. Élisabeth Borne tente, à coups de déplacements hebdomadaires « dans les territoires », de mettre derrière elle la réforme des retraites. Comme Emmanuel Macron en avril, mais à plus bas bruit. « La Première ministre est dans son rôle, elle agit sur tous les fronts. Et aller dans les territoires plutôt que passer sa vie dans l’Hémicycle, ça fait plaisir », sourit l’entourage de la cheffe du gouvernement, qui vient se survivre à une dix-huitième motion de censure à l’Assemblée nationale en moins d’un an.

« Elles sont pas mal, nos aides, hein ! »

Ce ne sont bien sûr pas les foules présidentielles pour accueillir la Première ministre. Qui plus est à Liglet, première étape du jour, un village de 319 habitants aux confins du Poitou-Charentes, du Centre et du Limousin. Les quelques grappes d’habitants se font timides, silencieuses et respectueuses. Soutenantes, même, parfois ! « On vous soutient hein, continuez ! », assure une habitante âgée, tenant le bras d’Élisabeth Borne, qui en rigole de plaisir. Elle est presque badine, la cheffe du gouvernement : « On est entre nous », dit-elle encore à une autre dame qui pousse sa copine a lui parler. Elle se prête au jeu des (rares) selfies qui lui sont demandés. Elle se prête aussi au jeu du défournage du pain dans la boulangerie multiservice, objet de la visite à Liglet. Elle est souriante, détendue, rigolarde parfois : « Elles sont pas mal, nos aides, hein ! », lance-t-elle à un élu satisfait du sauvetage du petit commerce.

On pourrait presque oublier que la rumeur annonce un remaniement, voire un changement de gouvernement : « Elle ne passe pas sa journée à se questionner là-dessus », lâche Matignon. Certains des parlementaires macronistes présents viennent même à douter qu’il puisse intervenir avant la rentrée prochaine. Quant au sort de la Première ministre elle-même, elle ne semble pas plus soucieuse que ça. Pourtant, elle « fait campagne ». Pas plus tard que ce jeudi matin, dans une longue interview accordée au Figaro. Donnée comme cramée après le 49.3 sur les retraites, a-t-elle renversé la vapeur, au moins pour quelque temps ? « On n’a jamais eu l’impression d’avoir une vapeur à renverser, assure son entourage. Elle a une feuille de route, et elle avance. »

Partie pour rester

Cette feuille de route, c’est celle présentée fin avril, pour les « 100 jours » annoncés par Emmanuel Macron. Une feuille de route qui va, habilement, bien au-delà de cette limite calendaire. Ça n’engage en rien son N + 1, bien entendu, mais cela montre qu’on se projette, que le programme est prêt… Alors pourquoi changer ? Dans son discours, ce jeudi, elle a ajouté un ressort personnel pas des plus habituels chez elle : elle rappelle qu’elle a grand plaisir à revenir dans la Vienne, où elle a été préfète il y a une dizaine d’années. « Les zones rurales ont un sentiment de relégation auquel on ne peut pas se résoudre. Auquel je ne peux pas me résoudre, insiste Élisabeth Borne. Et c’est une élue de la campagne normande qui vous le dit. »

Mais on sent bien que c’est quand elle discute fond et technique qu’elle est la plus à l’aise. Élisabeth Borne fait campagne, mais ne force pas sa nature. Une sorte de Première ministre à prendre ou à laisser. Pour le moment, elle est bien partie pour rester.

Source: 20 Minutes