La croissance française sur le fil du rasoir, à 0,6 % en 2023, selon des projections de l’Insee

June 15, 2023
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Dans l’usine Alfi Technologies, à Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire), le 13 juin 2023. SIMONE PEROLARI POUR « LE MONDE »

La hausse des taux d’intérêt, une consommation minée par l’inflation, un pouvoir d’achat qui stagne : « faute d’impulsion » de la demande, la croissance française sera modeste en 2023. Elle ne dépasserait pas 0,6 % sur l’ensemble de l’année, après 2,5 % en 2022, selon les prévisions établies par l’Insee et publiées jeudi 15 juin 2023. Plus précisément, après 0,2 % au premier trimestre, la croissance devrait être de 0,1 % aux deuxième et troisième trimestres, et de 0,2 % au quatrième trimestre 2023.

La France échapperait ainsi, mais de peu, à la récession qui frappe officiellement la zone euro, où le produit intérieur brut (PIB) a reculé de 0,1 % au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, aux dires des indicateurs publiés par Eurostat jeudi 8 juin. Elle s’en tire mieux que l’Allemagne, plus exposée à la guerre en Ukraine, et qui devrait connaître cette année un recul du PIB de 0,3 %, selon les chiffres cités par l’Insee. Mais moins bien que ses voisins du Sud, puisque l’Espagne s’achemine vers une croissance de 2 %, après 5,5 % en 2022, et l’Italie de 1,3 %, après 1,9 %.

Petite lumière dans un tableau bien morose, l’inflation a bel et bien amorcé son reflux. Pour la première fois depuis un an, la hausse des prix à la consommation en France est descendue du plateau où elle était accrochée, aux alentours de 6 %. Grâce à la baisse des prix des produits pétroliers, et au ralentissement d’autres matières premières, l’inflation a ralenti, pour atteindre 5,1 % en mai.

Baisse de la consommation

A la fin de l’année, la hausse des prix sur un an serait limitée à 4,4 %, selon l’Insee. Une forte accalmie est attendue sur les rayons alimentaires : à 7,4 % en fin d’année, le rythme de hausse des prix devrait être réduit de moitié par rapport à 2022. Mais, tout de même, le panier de courses aura flambé de 19 % sur les deux dernières années.

Sur l’ensemble des biens et services, la hausse moyenne des prix en France sur deux ans est de 15 %, contre 20 % chez nos voisins allemands. Si le reflux de l’inflation ne signifie pas que les prix vont baisser, la consommation devrait s’en porter un peu mieux. « Les ménages arrêteraient progressivement de diminuer leurs achats alimentaires », précise Olivier Simon, chef de la division synthèse conjoncturelle de l’Insee.

Cela ne suffira pas à compenser un mauvais début d’année : 2023 se traduira par une baisse de la consommation de 0,2 %, après une hausse de 2,1 % sur l’ensemble de 2022. Paradoxalement, la hausse des prix n’a pas incité les ménages à puiser dans leurs économies pour maintenir leur train de vie : le taux d’épargne, souligne l’Insee, reste à 18 % du revenu disponible, particulièrement élevé au regard de la moyenne de longue période, autour de 15 %.

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Source: Le Monde