" Pour le business américain, le potentiel chinois reste considérable "
L’homme d’affaires américain Bill Gates et le président chinois Xi Jinping, à Pékin vendredi 16 juin. YIN BOGU / AP
Comme une rockstar en tournée mondiale, Bill Gates est accueilli par ses fans. « [Bill Gates] a toujours été amical envers la Chine… Bienvenue ! Lorsque des amis nous rendent visite, nous les accueillons avec du bon vin ! », s’exclame un internaute sur la messagerie Sina Weibo, selon le site officiel China.org. Et, en tant que star, le fondateur de Microsoft a eu le privilège rare, vendredi 16 juin, d’un entretien en tête à tête avec le président chinois, Xi Jinping.
Il ne vient pas les mains vides puisque la Fondation Bill & Melinda Gates va donner 50 millions de dollars (45,6 millions d’euros) supplémentaires à l’institut de recherche médicale qu’il a créé à Pékin, en 2016, avec le concours de la ville et de l’université Tsinghua. Il a félicité la Chine pour le succès de sa lutte contre la malaria dans le pays et l’a incitée à redoubler d’effort pour aider l’Afrique où sa fondation est très active.
Ces assauts d’amabilité et de coopération contrastent évidemment avec la crispation extrême des relations entre Washington et Pékin. Pas un jour ne passe sans qu’un parlementaire américain ne soupçonne la Chine de méfaits et enjoigne au pays de bouter les intérêts chinois hors des Etats-Unis.
Climat diplomatique délétère
Récemment c’est le réseau social TikTok qui en faisait les frais, avec une audition du PDG devant le Congrès, tandis que, jeudi 15 juin, une filiale de Google spécialisée dans la cybercriminalité révélait une campagne d’espionnage informatique massive visant plusieurs agences gouvernementales de différents pays.
C’est dans ce climat délétère que quelques colombes tentent de décrisper la situation. Outre Bill Gates, les PDG d’Apple, Tim Cook, et d’Amazon, Jeff Bezos, ont pu s’entretenir avec le leader chinois et, ces derniers mois, les patrons de Tesla, de J. P. Morgan Chase, de Starbucks ou de General Motors, ont retrouvé le chemin de Pékin après des années de confinement.
Il faut dire qu’une bonne partie de l’actuelle atonie de l’économie chinoise provient de la baisse de ses exportations, aux États-Unis en particulier. Et pour le business américain, le potentiel chinois reste considérable, en consommation comme en production.
Les hommes d’affaires ont-ils été entendus à Washington ? En tout cas, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, atterrit à Pékin, dimanche 18 juin, pour une première visite à ce niveau depuis 2018. Aucun tournant stratégique à attendre, prévient Washington. Juste un répit bienvenu pour un monde des affaires et de la philanthropie qui peine à accepter l’idée d’une partition du monde.
Source: Le Monde