À Angers, la gênante ouverture d’un commerce par des militants d’extrême droite
Une charcuterie détenue par des militants d’un groupuscule d’extrême droite s’installe dans la toute nouvelle halle alimentaire d’Angers (Maine-et-Loire). Un projet porté par l’ancien maire et ministre Christophe Béchu et financé en partie par des fonds publics, qui est inauguré en grandes pompes, ce vendredi. Plusieurs associations, dont le Réseau angevin antifasciste, appellent à un rassemblement ce même jour. Car ce commerce n’a rien d’anecdotique.
Le nom de la charcuterie, « Les Blancs de l’Ouest », est aussi celui de l’entreprise d’élevage à son origine. Elle est détenue par Benoît-Joseph et Thibaut Cochin ainsi que Pierre-Antoine Réveillard, d’anciens membres de l’Alvarium. Ce groupuscule d’extrême droite a été dissous le 17 novembre dernier, mais s’est reconstitué sous le nom du « Rassemblement étudiant de droite », suspecté de plusieurs faits de violences ces derniers mois. « La ville est l’épicentre de l’extrême droite dans l’Ouest », explique un membre de l’inter-organisation antifasciste d’Angers, qui connaît bien le profil des propriétaires de la charcuterie, typique selon lui de l’extrême droite locale « se référant à la fois à une idéologie nationaliste-révolutionnaire, tout en étant catholique-traditionaliste ».
Les antifascistes d’Angers et plusieurs responsables politiques se sont insurgés
Tandis que les antifascistes d’Angers et plusieurs responsables politiques se sont insurgés que des militants d’extrême droite aient ainsi pignon sur rue, les intéressés ont répondu dans Ouest France : « On est éleveurs et charcutiers et notre passé ou ce qu’on peut faire en privé ne regarde personne », y explique Benoît-Joseph Cochin, laissant planer l'ambiguïté.
Plusieurs élus locaux, estiment que « Les Blancs de l’Ouest » pourrait devenir bien plus qu’une simple charcuterie. « On leur offre un lieu de réunion, de rencontre et ça ne pose pas de problème à la municipalité », s’insurge Claire Schweitzer, conseillère municipale insoumise.
La mairie, de son côté, se retranche derrière le propriétaire privé des halles, la société Biltoki, uniquement motivée par des intérêts économiques. Mais l’élue FI constate que « l’entreprise ne cherche pas à savoir qui intègre la halle, même si ce sont des gens d’ultra-droite, manifestement violents, racistes et homophobes ».
Pour Stéphanie Dupeyroux, responsable départementale du PCF, c’est à la mairie « de faire le nécessaire et de retirer ses investissements en réponse à l’installation des “Blancs de l’Ouest” ».
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Ces halles sont décidément bien encombrantes pour la mairie d’Angers et son ancien maire, le ministre de l’Ecologie Christophe Béchu, qui a porté ce projet. En décembre dernier, une enquête préliminaire pour « prise illégale d’intérêts » et « favoritisme » a été ouverte. En cause, le fait que le projet ait été confié au secteur privé et deux partenaires principaux : le groupe Biltoki et un restaurateur local, Pascal Favre d’Anne, dont l’épouse est devenue, quelques mois plus tard, l’adjointe de Christophe Béchu.
Source: L'Humanité