Mort de George Floyd : un rapport conclut que la police de Minneapolis " utilise fréquemment une force excessive "

June 16, 2023
250 views

Le chef de la police de Minneapolis, Brian O’Hara, et Michael Wilson à l’occasion des trois ans de la mort de George Floyd, le 25 mai 2023, à Minneapolis. ABBIE PARR / AP

La police de Minneapolis, cette ville du nord des Etats-Unis dans laquelle George Floyd a été tué par un membre des forces de l’ordre en mai 2020, « utilise fréquemment une force excessive », y compris létale, et « discrimine de manière illégale les personnes noires et amérindiennes », établit un rapport d’enquête publié vendredi 16 juin.

Ce rapport est le résultat de l’enquête officielle lancée par le ministère de la justice américain un an après la mort de George Floyd, le 25 mai 2020, étouffé sous le genou de Derek Chauvin resté appuyé sur son cou pendant plus de neuf minutes. L’enquête devait déterminer si, au-delà des actes individuels, il existait des problèmes systématiques chez les forces de l’ordre de cette ville de 425 000 habitants, parmi les plus inégalitaires des Etats-Unis.

Pendant deux ans, les enquêteurs ont épluché les comptes rendus d’incidents entre 2016 et août 2022, étudié les images des caméras policières et entendu des milliers de témoins. Et la conclusion de leur rapport est sans appel. « De nombreux agents font leur travail difficile avec professionnalisme, courage et respect. Néanmoins, notre enquête a conclu que des problèmes systématiques ont rendu possible ce qui est arrivé à George Floyd », écrivent-ils en introduction.

Des « cow-boys »

« Depuis des années, la police de Minneapolis utilise des techniques dangereuses et des armes contre des personnes qui n’ont commis que des infractions mineures, voire aucune infraction », remarquent-ils, évoquant en particulier les clés d’étranglement – désormais bannies. Les agents utilisent parfois leur arme de service sans raison, notent-ils aussi, citant l’exemple d’un homme placé en garde à vue qui avait commencé à se couper la gorge avec un couteau et sur lequel deux agents ont tiré à quatre reprises.

Ils « font usage de la force pour punir les gens qui les mettent en colère ou qui les critiquent », assènent encore les auteurs du rapport, en déplorant l’usage de gaz lacrymogène ou de balles en caoutchouc sur des manifestants ou des journalistes. Par ailleurs, ils « patrouillent les quartiers de manière différente selon leur composition ethnique », avec « des cow-boys » volontaires pour aller dans l’arrondissement à majorité afro-américaine.

Écouter aussi Comment la mort de George Floyd a changé les Etats-Unis

« Les données montrent que, dans des situations n’ayant entraîné aucune arrestation, les agents de Minneapolis contrôlent six fois plus les personnes noires et amérindiennes que les personnes blanches », a pour sa part précisé le ministre de la justice, Merrick Garland. Or, depuis la mort de George Floyd, les agents occultent souvent l’appartenance ethnique des personnes avec lesquelles ils interagissent dans leurs procès-verbaux, « ce qui rend plus difficile de détecter et contrer les discriminations ».

Vingt-huit recommandations présentées

Enfin, la police reste trop souvent déployée en cas de crise de démence, bien qu’elle ne soit pas équipée pour calmer les malades, ce qui en résulte souvent des violences, regrettent les auteurs du rapport. Au niveau de la structure, l’impunité règne, écrivent-ils encore : le système de contrôles internes est « un labyrinthe opaque, avec de nombreux culs-de-sac, si bien que de nombreuses plaintes justifiées sont écartées sans enquête ou raison claire ».

Tout cela à un coût pour la ville : d’abord parce que cela complique les relations avec la population et rend la police moins efficace. Ensuite parce que la ville a dû débourser 61,5 millions de dollars entre 2016 et 2022 pour mettre un terme à des poursuites civiles contre ses agents.

« Au crédit de la police et de leaders de la ville, des changements importants ont été introduits », mais « il reste du travail à faire », a déclaré M. Garland, lors d’une conférence de presse, présentant vingt-huit recommandations. Les autorités locales et le ministère vont désormais négocier un accord sur les réformes à engager, dont la mise en œuvre sera soumise à la supervision d’un tribunal.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde