Mistral AI, le concurrent français de ChatGPT
L'Intelligence artificielle fait peur, comme en témoigne la dernière fiction de Thierry Murat, qui fait des BD depuis vingt ans. L'auteur d'Initial_A. a décidé d'illustrer les planches de sa dernière création à l'aide du logiciel Midjourney. Dans cet ouvrage poétique, qui pourrait être publié grâce au financement participatif, Thierry Murat s'intéresse à l'hybridation homme-machine. Les logiciels à même de générer des images, des dissertations ou encore des lignes de code impressionnent. Pourtant, il n'y a aucune raison de laisser les seules Big Tech régner en maîtres dans cet eldorado. C'est justement un des credo de Mistral AI, une start-up créée début 2023 par Arthur Mensch. Ce polytechnicien passé par l'École normale supérieure a choisi de quitter le géant britannique du secteur, DeepMind, acquis par Google en 2014, pour imaginer une alternative européenne, professionnelle et open source au robot conversationnel américain ChatGPT. Il a été rejoint dans son aventure par Guillaume Lample, diplômé de Carnegie Mellon et ancien de Meta, comme Timothée Lacroix. Le trio a réussi une levée de fonds de 105 millions d'euros - menée par le fonds Lightspeed Venture Partners -, qui inclut en particulier Xavier Niel, JCDecaux Holding, Rodolphe Saadé et Motier Ventures en France, la Famiglia et Headline en Allemagne, ou Exor Ventures en Italie. Bpifrance est aussi présent, de même que l'ex-PDG de Google Eric Schmidt.
Redoutables. Guillaume Lample, Arthur Mensch et Timothée Lacroix planchent sur une alternative à ChatGPT.
Enjeu. « Dix ans après l’invention de la French Tech, nous voulons faire de la France une nation deeptech », explique Jean-Noël Barrot, le ministre chargé de la Transition numérique et des Télécommunications.
« Une nation deeptech ». Mistral est le type même d'entreprise que souhaite encourager le plan annoncé par Emmanuel Macron et Jean-Noël Barrot, ministre chargé de la Transition numérique et des Télécommunications : « Dix ans après l'invention de la French Tech, nous voulons faire de la France une nation deeptech », explique-t-il au Point, en référence aux projets s'appuyant sur la recherche scientifique et l'innovation appliquée pour changer le monde. À court terme, un plan prévoit d'épauler une sélection de 125 start-up, parmi lesquelles la pépite de l'informatique quantique Pasqal, la station météo de précision Sencrop ou encore la start-up d'intelligence artificielle générative Dust. Plus de 1 milliard d'euros devraient par ailleurs être débloqués pour permettre à notre pays d'accélérer dans ce domaine. Assez pour rester dans la course, largement dominée aujourd'hui par les États-Unis et la Chine ? « Nous refusons de laisser cette technologie entre les seules mains d'intérêts étrangers qui nous tiendraient alors dans un lien de dépendance dans les domaines civil et militaire pour les décennies à venir, explique le ministre. Par ailleurs, l'intelligence artificielle générative est une technologie de la représentation. Il est inconcevable de ne pas y imprimer notre vision de l'homme et du monde. »
À visage découvert Démasquer des soldats russes déguisés en Ukrainiens, identifier les manifestants prenant d’assaut le Capitole ou éviter à un prisonnier de purger une peine qu’il ne mérite pas… Sur le papier, les promesses de Clearview AI laissent penser qu’elle utilise la reconnaissance faciale à bon escient. C’est pourtant faire abstraction de procédés qui interrogent… Ainsi, la société new-yorkaise, dont l’existence a été révélée en 2020 par le New York Times et qui a vendu ses services à plusieurs agences de renseignements, a longtemps puisé dans les photos disponibles sur les réseaux sociaux sans que les utilisateurs en aient la moindre idée. Condamnée par plusieurs autorités de protection de la vie privée – la Cnil, en France, et ses homologues britannique, canadien, allemand et australien – à effacer les données de leurs compatriotes, Clearview rechigne à payer les amendes auxquelles elle a été condamnée. C’est au cœur du fonctionnement opaque que nous plonge « Vos visages sont à nous », une investigation de deux ans du bureau enquête de France 24. Pour cet épisode de Reporters, Jessica Le Masurier et Roméo Langlois ont recueilli plusieurs témoignages inédits, dont celui du PDG, Hoan Ton-That. Toujours accessible sur le site de la chaîne internationale, le documentaire se regarde comme un polar géopolitique.
Gezelin Gree/MEFR/SP – David Atlan/SP – DR
Source: Le Point