La Cour des comptes pointe la "fragilité structurelle" des aéroports de taille moyenne
Les aéroports de taille moyenne de l’hexagone, dont la fréquentation se situe entre celle des aéroports internationaux et des aérodromes locaux, souffrent d’une «fragilité structurelle» amplifiée par leur désaffection par les voyageurs au profit des trains, pointe un rapport de la Cour des comptes.
Ces 41 aéroports «intermédiaires», sur 73 aéroports sur le territoire métropolitain en 2019, souffrent particulièrement des effets de la «décentralisation aéroportuaire» française et d’inégalités d’investissements selon les territoires, selon la Cour des comptes qui estime qu’«aucun des acteurs publics ne dispose plus de vision d’ensemble» sur le maillage aéroportuaire.
Ces aéroports de taille moyenne, comme ceux de Rennes, Strasbourg ou Montpellier, qui «contribuent au désenclavement de territoires isolés ou desservent des métropoles régionales bien connectées» et sont pour la plupart propriétés des collectivités territoriales, ont accueilli entre 10 000 et 3 millions de passagers commerciaux environ en 2019, mais ont été «fragilisés par le développement des lignes ferroviaires à grande vitesse et le retrait progressif du groupe Air France», souligne ce rapport publié jeudi.
Cette situation a été accentuée par la pandémie de Covid-19, la montée en puissance de compagnies aériennes à bas coût et la «prise de conscience du bilan carbone du transport aérien» des voyageurs et des acteurs publics, d’après la Cour. Une «adaptation» à la transition énergétique, prenant en compte les particularités de chaque aéroport, est ainsi nécessaire, indique le rapport qui rappelle que «l’avion émet en moyenne près de 100 fois plus de gaz à effet de serre par passager transporté que les TGV», citant l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Ces aéroports «intermédiaires» font aussi «face à des coûts fixes importants», liés à la sécurité notamment, sans pour autant bénéficier des mêmes recettes que les aéroports internationaux. Cela les force à recourir à des aides des collectivités locales pour leur développement, analyse la Cour des comptes, soulignant cependant que ces aides sont parfois utilisées pour financer des partenariats et «campagnes +marketing» avec des compagnies à bas coûts, qui ont déjà été condamnées par la Commission européenne. La Cour des comptes recommande ainsi à l’État de revoir et d’harmoniser le pilotage du maillage aéroportuaire français, en suggérant notamment la création d’un «observatoire des aéroports» pour en offrir une vision d’ensemble.
Source: Air-Journal