En Corse, une première Marche des fiertés s’est tenue à Bastia
Des personnes marchent avec une banderole sur laquelle on peut lire « L’amour gagne toujours » alors qu’elles participent à la première Marche des fiertés en Corse, à Bastia, le 17 juin 2023. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
« L’amore vince sempre » (« L’amour gagne toujours ») : c’est derrière une banderole affichant ce message d’unité et d’inclusion en langue corse qu’ont défilé quelque 200 personnes à Bastia, au nord de la Corse, samedi 17 juin, pour la première véritable Marche des fiertés organisée en soutien à la communauté LGBTQ + sur l’île.
Balayé de drapeaux arc-en-ciel, éventails fuchsia et banderoles, le cortège festif, composé d’une majorité de femmes, est parti en musique et sous le soleil du palais de justice de la ville pour rejoindre, via le vieux-port, la principale place de la deuxième ville corse.
« Nous voulons marcher ensemble, pour que plus aucun ou aucune Corse n’ait un jour à choisir entre vivre pleinement sa vie, ses amours et un quotidien ici » sur l’île, a répété en début de la première véritable Marche pour « célébrer les identités multiples », la secrétaire de l’association Arcu. En 2022, seul un petit rassemblement s’était tenu à Ajaccio, en guise de prémices.
« J’ai créé il y a 20 ans, en 2004, la première association LGBT de Corse, et là c’est la première Gay Pride à laquelle je participe dans l’île », a témoigné à l’Agence France-Presse (AFP) Daniel Cartayrade Marchetti, 63 ans, membre d’Amnesty International et représentant de la CGT Haute-Corse. « La Corse s’ouvre enfin », s’est félicité le membre d’une association de lutte contre le sida, en distribuant des préservatifs et en brandissant le drapeau rouge de la CGT, heureux du « message de grande tolérance » diffusé par cet événement.
« La société corse avance avec nous »
Bon nombre de manifestants, yeux pailletés, drapeaux arc-en-ciel peints sur les joues ou posés sur les épaules, marchaient en applaudissant les badauds partageant leur enthousiasme, aux cris de « Tous inseme » (« Tous ensemble »).
« Liberta, love is love » (« Liberté, l’amour, c’est l’amour »), « T’es homophobe ? Arrête ! », « Fascista fora » (« Les fascistes dehors »), « Les personnes trans existent en Corse » ou encore « Corse et PD et fier de l’être », pouvait-on lire sur les pancartes brandies dans le cortège.
« Je suis présente pour me retrouver avec des gens de la même communauté que moi, c’est très rare parce que généralement ils sont cachés et ce n’est pas forcément accepté encore aujourd’hui. Ça fait plaisir de voir ça », a confié à l’AFP Léa Scialom-Lazar, lycéenne de 17 ans, venue défiler pour « changer les habitudes ».
Des personnes marchent avec des drapeaux et des pancartes lors de la première Marche des fiertés organisée Corse, à Bastia le 17 juin 2023. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP
« C’est l’occasion de se réunir enfin tous ensemble pour créer un espace où, pour une fois, on n’est pas la proie des moqueries, du harcèlement, des violences », a également expliqué Maxime Grisoni, étudiant de 26 ans revenu spécialement à Bastia pour la Marche. « L’homophobie tue », était – il inscrit sur sa pancarte.
L’événement était soutenu notamment par des syndicats (CGT, FSU, CFDT), des partis politiques (PCF, LFI, Union communiste libertaire), des mouvements politiques corses (A Manca et Inseme a Manca), des associations antiracistes (Ava Basta, Ligue des droits de l’Homme) et des associations féministes (Zitelle in Zerga, Main violette Corse).
La marche s’est achevée place Saint-Nicolas dans une séance de danse joyeuse sur un « Bella Ciao » endiablé et au milieu de fumigènes lâchant une fumée orange. « Quelle belle marche ! C’est une belle réussite, on est nombreux et nombreuses à vouloir être libres, aimer qui l’on veut et être qui on veut », a conclu au micro Livia Casalonga, secrétaire de l’Arcu en lançant un vibrant « Liberta ». « La société corse avance avec nous, la route est parfois un peu sinueuse mais ce n’est rien, c’est juste un village de montagne », a-t-elle ajouté.
« Quelques fachos ont fait la marche avec nous, ne partez pas seuls, restez groupés pour ne pas gâcher ce beau moment », a-t-elle également mis en garde, même si aucun incident notable n’a émaillé la manifestation. Une soirée était prévue dans un bar de la ville pour poursuivre les festivités.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde