Attaque meurtrière dans un lycée, en Ouganda: les ADF mises en cause
En Ouganda, au moins 41 personnes, majoritairement des étudiants, ont été tuées lors d'une attaque des ADF, les Forces démocratiques armées, milice islamiste qui a prêté allégeance à l'État islamique. L'attaque a été menée la nuit dernière dans l'ouest du pays, à la frontière avec la RDC. Les assaillants, qui ont fui avec des otages, se sont repliés au niveau du parc national des Virunga où l'armée indique mener des opérations. L'ONU condamne « avec force » l'attaque. La France condamne « avec la plus grande fermeté l'attaque abominable ».
Ouganda: ce jeune garçon est réconforté après l'attaque attribuée aux ADF sur le lycée Lhubiriha, à Mpondwe, près de Bwera dans l'ouest du pays.
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Il était 23 heures dans la nuit de vendredi à samedi 17 juin lorsque les assaillants ont attaqué ce lycée, lieu symbolique, mis le feu aux bâtiments, notamment au dortoir, et pillé un magasin de nourriture. Une attaque coordonnée, de grande ampleur, a indiqué l'armée. La majorité des victimes sont des étudiants de 16 ans et plus. Le général ougandais Dick Olum, commandant de forces qui combattent les ADF, explique : « Les étudiants ont essayé de combattre les rebelles, mais ils ont été submergés. Ils ont tué des étudiantes à coup de machette et en ont enlevé d'autres. Nous avons envoyé des avions pour rechercher les étudiants enlevés afin d'essayer de les secourir. »
C'est le lycée Lhubiriha, à Mpondwe, près de Bwera (district de Kasese) qui a été attaqué : le dortoir des garçons a été incendié et un magasin de nourriture pillé. Les jeunes filles ont, elles, été attaquées à l'arme blanche, précisent les forces de sécurité. Les corps des victimes, pour certaines difficilement identifiables, ont été transportés à la morgue de l'hôpital de Bwera a indiqué le porte-parole des Forces de défense du peuple ougandais (UPDF), Felix Kulayigye. Des blessés ont été transférés à l'hôpital dans un « état critique » a déclaré le porte-parole de la police.
Le responsable gouvernemental de la zone a précisé « qu'un certain nombre d'étudiants sont toujours portés disparus », visiblement enlevés par les assaillants.
Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la République démocratique du Congo, où les ADF sont également actives et accusées d'avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990. Les ADF se sont repliées au niveau du parc national des Virunga, l'une de leurs bases, à la frontière entre l'Ouganda, le Rwanda et la RDC.
L'armée a donc mis en place des missions de poursuites en direction du parc des Virunga. Reagan Miviri de l'Institut congolais de recherche Ebuteli, les ADF, qui ont fait allégeance au groupe État islamique, restent aujourd'hui la menace la plus importante pour toute la sous-région. « Je pense que c'est ce qu'ils veulent faire passer, qu'ils ont encore cette capacité-là de faire mal et on sait tous que quand ce sont des massacres ça marque les esprits pour montrer qu'ils restent une menace en fait, et pour la RDC et pour l'Ouganda », explique-t-il.
C'est inquiétant, il faut savoir que parfois on parle beaucoup du M23 mais les ADF restent la plus grande menace à mon avis sur cette zone. Déjà de par la nature de ce groupe et de par le fait qu'on connait peu ce groupe par rapport à ce qu'on sait des autres groupes armés. Malheureusement, avec cette situation du M23, on ne se focalise pas assez sur cette menace. Reagan Miviri de l'Institut congolais de recherche Ebuteli Guillaume Thibault
L'attaque des ADF contre ce lycée est la plus meurtrière de ces dernières années. Notamment, car au moment de leur fuite, les combattants ont déclenché une bombe, l'explosion a fait de nombreuses victimes.
Paris condamne « l'attaque abominable »
La France condamne « avec la plus grande fermeté l'attaque abominable » qui a causé plusieurs dizaines de morts et de blessés, selon la déclaration samedi de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « La France adresse ses condoléances aux familles et aux proches des victimes, aux autorités ougandaises et exprime sa solidarité aux blessés », peut-on lire dans la déclaration écrite.
#Ouganda | La France condamne avec la plus grande fermeté l’attaque abominable perpétrée dans la nuit du 16 au 17 juin 2023 contre une école dans l’ouest de l’Ouganda, qui a causé plusieurs dizaines de morts et de blessés, dont des étudiants.
➡️ https://t.co/sKf7A9glo3 pic.twitter.com/rjRxPOLX0W — France Diplomatie🇫🇷🇪🇺 (@francediplo) June 17, 2023
« Il n'y a pas de mots pour le choc ni la condamnation assez forts pour exprimer mon horreur face à l'attaque terroriste brutale et lâche par des terroristes présumés de l'ADF », a écrit sur Twitter le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat.
1/2:There are no words for the shock nor condemnation strong enough to express my horror at the brutal and cowardly terrorist attack by suspected #ADF terrorists, which targeted a school in Western #Uganda near the border with the #DRC, killing 42 students. — Moussa Faki Mahamat (@AUC_MoussaFaki) June 17, 2023
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a également condamné « avec force » l'attaque, a indiqué un de ses porte-parole samedi. « Les responsables de cet acte effroyable doivent être jugés », a déclaré Farhan Haq. M. Guterres appelle également à la libération « immédiate » des personnes enlevées par la milice islamiste, a-t-il ajouté.
Parc de Virunga, dans l'Est de la RDC, en septembre 2019. (Image d'illustration) © AFP
Ce n'est pas la première fois que cette milice, qui a fait allégeance à l'État islamique en 2019, attaque un groupe scolaire. En 1998, 80 étudiants ont été brûlés vifs à Kichwamba et une centaine d'autres enlevés.
Depuis 2021, l'Ouganda et la RDC ont lancé une offensive commune pour chasser les ADF de leurs bastions, des opérations qui n'ont pas permis pour le moment de mettre fin aux attaques du groupe armé. En janvier dernier, au moins 24 civils ont été tués et une dizaine d'autres kidnappés dans une nouvelle attaque attribuée aux Forces démocratiques alliés (ADF) dans le territoire de Beni, en RDC.
En mars dernier, les États-Unis ont promis une récompense de 5 millions de dollars pour toute information qui permettrait de mener au chef des ADF, l'Ougandais Masu Baluku.
>> À écouter aussi : Le retour des repentis ADF en Ouganda
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Source: RFI