Les dix livres à lire cet été selon l’Académie Goncourt qui publie une sélection d’ouvrages publiés en 2023
Liam Norris / Getty Images/Image Source Liam Norris / Getty Images/Image Source
LITTÉRATURE - Des thématiques lourdes contées avec délicatesse. Voilà en résumé, l’esprit de la sélection que l’académie Goncourt a dévoilé à quelques jours de l’été. Il ne s’agit pas de la liste des prochains ouvrages en lice pour le prestigieux prix dévoilé à l’automne mais celle des dix livres durant ces vacances.
Ces ouvrages ont été sélectionnés par le président Didier Decoin, Françoise Chandernagor (vice-présidente), Philippe Claudel (secrétaire général) ainsi que par les auteurs Christine Angot, Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun, Pascal Bruckner, Paule Constant, Camille Laurens et Éric-Emmanuel Schmitt.
Pour s’évader en douceur, le jury propose l’ouvrage Le ciel jaloux des roses d’Alain Duault (ed. Gallimard), un carnet de voyage sous forme de poèmes qui transporte le lecteur du Japon à New York en passant par l’Inde et le Portugal.
L’Académie a mis en avant dans cette liste estivale des ouvrages représentant des femmes puissantes et libres au parcours parfois tumultueux. Il en est ainsi pour Djaïli Amadou Amal prix Goncourt des lycéens en 2020 pour Les Impatientes inspirée de sa propre vie qui revient en 2022 avec Cœur du Sahel chez Collas. L’autrice met en lumière les jeunes femmes du Cameroun, forcées de travailler pour subvenir au besoin de leur famille comme domestique.
Guerres et gang
« Les Goncourt » proposent aussi Elvis à la radio publié chez Maurice Nadeau par la poétesse Sabine Huynh, lauréate du Prix Jean-Jacques Rousseau de l’autobiographie pour cet ouvrage. L’autrice relate son enfance tourmentée qui commence par un déracinement : elle a quitté le Vietnam pendant la guerre avec sa famille pour se réfugier en France. Un temps refoulé, les souvenirs reviennent par bribes : le bruit des bombes, la faim, l’abandon, et même les chansons d’Elvis qui passaient à la radio.
On retrouve une femme au parcours extraordinaire dans le livre Dans l’œil de l’archange chez Calmann-Levy. Olivier Weber met en lumière une reporter, Gerda Taro pendant la guerre civile espagnole en 1937.
Puis il y a ce livre au mélange explosif : cela se passe en Arkansas pendant la guerre de Sécession (1861-1865) avec une bande de sœurs armées jusqu’aux dents. Loin en amont du ciel écrit par Pierre Pelot chez Gallimard donne une autre image des femmes pendant la guerre. Enea McEwen a perdu ses parents et l’une de ses sœurs sauvagement assassinés par des pillards. Pour se venger, elle forme avec ses deux autres sœurs un gang redoutable prêt à tout pour en découdre et traquer sans relâche les coupables.
À ces histoires de femmes, s’ajoutent des histoires de familles. Comme dans le récit intimiste de Mathieu Lindon intitulé Une archive, sorti aux éditions P.O.L en janvier dernier. Dans cet ouvrage, l’auteur relate la vie de son père Jérôme Lindon, directeur des éditions de Minuit jusqu’à sa mort en 2001. Une plongée dans les mémoires de ce petit garçon né en 1955 qui a grandi dans les livres et le monde de l’édition. Le récit est saupoudré d’anecdotes sur la guerre d’Algérie, conflit que son père fustigeait publiquement.
Du Chili à la chute de l’URSS
Plus loin de nous, citons Cordillera paru en janvier dernier chez Le Cherche-Midi. Delphine Grouès nous plonge dans une famille chilienne assez mystérieuse dans une période rythmée d’instabilité politique avec une population sortie traumatisée des conflits. Elle aborde tout au long de son récit les ressentiments provoqués par un contexte politique dangereux - notamment en 1973 lors du renversement du président Allende par le général Pinochet qui instaure un régime militaire dictatorial - la rage, la colère, l’amour aussi au sein d’une famille meurtrie.
Tout à l’est du globe cette fois-ci, un autre conflit en toile de fond rythme l’ouvrage de Marc Nexon : Le dernier des Soviétiques publié en mars chez Grasset. Un roman tiré d’une histoire vraie après la chute de l’URSS. Sergueï est un fonctionnaire qui veille sur la piste d’atterrissage d’un petit aéroport déserté depuis la fin du régime. Entre patience, espérance et désillusion, l’auteur fonde son récit sur un fait divers, et sur l’acharnement d’un homme soutenant sincèrement une cause pourtant révolue.
Publié chez Seghers en janvier 2023, Et par le pouvoir d’un mot de Xavier Donzelli est justement une ode à l’émancipation. Depuis des années, l’auteur se passionne pour l’histoire du poème Liberté de Paul Éluard (1942) pendant l’occupation allemande. Pour nourrir cet ouvrage, l’écrivain a voulu s’intéresser à la confection de ce texte, en rendant hommage aux auteurs et aux penseurs de l’époque comme Nusch, Cícero Dias, Max-Pol Fouchet, Raymond Aron et d’autres...
Plus léger pour finir cette sélection avec Nouvelle Vague publié chez Grasset par Patrick Roegiers. Un roman qui retrace l’époque révolutionnaire pour le cinéma des années 1960-1970 et ce fameux courant « nouvelle vague » avec les réalisateurs et acteurs emblématiques de cette période comme : Agnès Varda, Louis Malle, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Chabrol, Éric Rohmer.
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Source: Le HuffPost