Face au projet de bouclier antimissile allemand, la France esquisse sa contre-offre

June 18, 2023
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Le ministre finlandais de la défense, Antti Kaikkonen et le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius, lors d’une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord, au siège de l’OTAN, à Bruxelles, le 16 juin 2023. VIRGINIA MAYO / AP

Huit mois après son lancement, le projet de bouclier antimissile européen suscite toujours de fortes tensions sur le continent, en particulier entre Paris et Berlin. Une vaste conférence sur la défense aérienne de l’Europe organisée lundi 19 juin par la France, au Bourget (Seine-Saint-Denis) en marge du Salon international de l’aéronautique et de l’espace, doit une nouvelle fois être l’occasion d’évoquer le sujet. Mais rien n’indique qu’elle permettra d’aplanir le contentieux, Boris Pistorius, le ministre allemand de la défense, ayant d’ores et déjà fait savoir qu’il ne serait pas présent.

Alors que la guerre en Ukraine mettait en exergue la vulnérabilité des pays du flanc est de l’Europe face à un éventuel débordement du conflit, le chancelier allemand Olaf Scholz avait pris l’initiative de proposer, en octobre, dans le cadre de l’OTAN, un projet de

« bouclier du ciel » (Euro Sky Shield Initiative, ESSI). Le principe : réaliser des économies d’échelle en achetant en commun des systèmes de défense sol-air déjà existants afin de disposer rapidement d’une bulle complète de protection, notamment antimissile.

Pour aller vite, Berlin a proposé d’acquérir un système allemand pour la courte portée (l’Iris-T), un système américain pour la moyenne portée (le Patriot PAC-3, qui représente déjà l’essentiel des systèmes déployés en Europe), et un système israélien pour les missiles de longue portée (l’Arrow 3). Le projet rassemble aujourd’hui 17 pays européens, dont le Royaume-Uni, les Etats baltes et la plupart des Etats d’Europe centrale, à l’exception notable de la Pologne.

Multiples divergences

Officiellement, les Allemands ne ferment pas la porte à l’intégration d’un système français au futur dispositif. « Il est toujours possible de se joindre au projet, mais il faut faire vite », explique une source allemande, au sujet du Mamba, un système développé par la France avec l’Italie et centré sur la défense de moyenne portée. A Paris, en revanche, on semble désormais fermé à un quelconque ralliement et plutôt décidé à mener une contre-offensive, notamment à travers l’organisation de la conférence du Bourget, en présence d’une vingtaine de pays, qui doit se clôturer, lundi soir, par un discours d’Emmanuel Macron à l’hôtel national des Invalides. « Les Allemands ont proposé une entente industrielle, nous, on propose une initiative stratégique : avoir une capacité à faire une défense européenne, souveraine, avec des équipements européens », avance une source diplomatique française.

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Source: Le Monde