VIDÉO. En larmes, l'humoriste Gérémy Crédeville rend un magnifique dernier hommage à Guillaume Bats
Le décès de l’humoriste Guillaume Bats a suscité une foule de réactions et d’hommages attristés, notamment parmi ses amis humoristes qui, pour évoquer leur copain et collègue, ont souvent cherché le juste et délicat équilibre entre rire et émotion. Parmi eux, notons cette magnifique chronique signée Gérémy Crédeville.
Image : France Inter
Vendredi 16 juin 2023, à la veille des funérailles de Guillaume Bats, Gérémy Crédeville a choisi de consacrer sa chronique radiophonique à son grand ami. Pour aller jusqu’au bout, il lui a fallu contenir ses émotions et réfréner les sanglots, mais le résultat est là.
Regardez :
“Salut les amis, je suis content parce que ce week-end je ne suis pas en tournée alors je vais en profiter pour aller voir la dernière d’un pote : Guillaume Bats.
C’est demain samedi 17 juin à 11h à Montmirail, le gars aura fait de l’humour noir jusqu’au bout.
C’est une cérémonie ouverte au public mais j’espère que ça ne ressemblera pas à Lourdes.
En même temps y a peu de chances, à ses spectacles les gens porteurs d’un handicap représentaient moins de 5 % de son public. Faut dire qu’il n’y avait que cinq places PMR de dispo à chaque fois. Puis comme il en prenait une…
C’est surtout que les handicapés, je vais le dire avec ses mots : il s’en branlait un peu.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Guillaume Bats, c’était le mec de la chanson pirouette cacahuète, celui qui est tombé dans les escaliers.
Il avait la tête sur les épaules mais pas les épaules au-dessus du bassin, des bras immenses qu’il utilisait pour câliner les gens ou leur mettre des grandes tartes dans la gueule. Il était pas con, il savait qu’on lui rendrait pas, on tape pas un gars qui a des lunettes.
Un gros plexus et un ventre proéminent, c’était le minimum pour y ranger son cœur.
Une voix de merde ! Même l’auto tune a dit « non là je peux pas ». Je ne sais pas sur quelle fréquence il était, mais vraiment quand il était dans une pièce, on l’entendait de loin, ça faisait un peu canard en rut.
Je peux faire les vannes les plus atroces sur lui, il en avait des pires.
C’est fou parce que, il est tellement là depuis qu’il n’est plus là…
J’avais oublié son handicap moi. Guillaume Bats c’était Guillaume Bats. On aurait pu croire qu’il faisait peur aux enfants la gargouille la plus drôle de Paris, même pas. Pour eux c’est trop bien un adulte qui fait leur taille.
Ma mère m’a demandé s’il était malade. Alors techniquement oui il était malade depuis sa naissance.
Mais il ne se plaignait jamais, il allait faire le Festival d’Avignon cet été ce con ! Et tout le festival hein du 8 au 27 juillet ! Le festival dans lequel au bout de deux jours à 40° tu dis j’en peux plus je suis claqué, alors que t’as 23 ans.
Je dis qu’il ne se plaignait jamais mais c’est faux, je l’ai déjà entendu se plaindre. « Comment ça y a plus de bières ? Tu te fous de ma gueule ? »
Je crois que c’était lors d’un festival que je l’avais rencontré pour la première fois, un taxi nous emmenait de la gare à la salle et je lui ai dit : « Pourquoi tu t’attaches? ». Il m’a dit “ooooh toi t’es un connard mais j‘t’aime bien.”
(…)
C’était un maître de la dérision, de l’autodérision. C’était un comédien qui avait le sens du jeu, de la punch et des silences. Mais celui-ci est trop long. Ciao pantin, ciao frérot.”
Source: POSITIVR