Le président de la BBC, proche de Boris Johnson, forcé à la démission

April 28, 2023
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Richard Sharp, président du conseil de surveillance de la BBC, au Parlement britannique, le 7 février 2023. HANDOUT / AFP

Le grand nettoyage après l’ère Boris Johnson continue au Royaume-Uni. Vendredi 28 avril, Richard Sharp, le président du conseil de surveillance de la BBC, a été forcé à la démission après la publication d’un rapport dénonçant son rôle d’entremetteur dans un prêt accordé à l’ancien premier ministre britannique.

L’affaire remonte à décembre 2020. A l’époque, M. Johnson a besoin d’argent à titre personnel. M. Sharp, un de ses proches, et par ailleurs ancien banquier de Goldman Sachs, suggère au secrétaire général de Downing Street de lui présenter l’un de ses amis, qui pourrait éventuellement lui faciliter le prêt. Le premier ministre finira effectivement par emprunter par ce biais 800 000 livres sterling (910 000 euros, selon le cours actuel), d’une source qui demeure inconnue.

Dans le même temps, M. Sharp pose sa candidature pour être président du conseil de surveillance de la BBC, mais omet de déclarer l’aide qu’il a apportée dans cette affaire. En février 2021, il obtient le poste.

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Depuis, le Sunday Times a révélé cette étrange affaire financière, poussant le commissaire chargé de superviser les nominations publiques, Adam Heppinstall, à ouvrir une enquête. Ses conclusions, publiées vendredi, parlent de « la perception d’un potentiel conflit d’intérêts ». « Il peut y avoir le risque que M. Sharp ne soit pas considéré comme indépendant de l’ancien premier ministre », ajoute-t-il. Faute d’avoir révélé son rôle d’entremetteur, M. Sharp a « enfreint le code de conduite des nominations ».

Climat de défiance

Les conclusions du rapport ne sont pas extrêmement sévères. M. Heppinstall précise qu’il ne tire aucune conclusion quant à la réalité du conflit d’intérêts : « Je ne juge pas de l’indépendance [de M. Sharp] à ce poste. » Dans sa lettre de démission, M. Sharp ne manque d’ailleurs pas de se défendre : « J’ai toujours dit que cette violation [du code de conduite] était involontaire et sans conséquence. »

Mais le président de la BBC a aussi été poussé à la démission à cause du climat de défiance qui s’est ouvert contre lui au sein de la Corporation. Officiellement, le président du conseil de surveillance n’est pas en charge des questions éditoriales, qui reviennent au directeur général. Mais M. Sharp était considéré comme l’émissaire de M. Johnson et d’un gouvernement qui voulait remettre au pas une BBC considérée comme trop anti-Brexit et trop à gauche.

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Sous sa présidence, le directeur général, Tim Davie, a effectivement fortement insisté sur la neutralité absolue exigée à ses journalistes, au risque de museler les critiques. Par ailleurs, depuis 2010 et l’arrivée des conservateurs au pouvoir, la BBC a subi de nombreuses coupes budgétaires : son budget a baissé, en valeur réelle, de 25 %. Un plan de licenciements est en cours actuellement.

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Source: Le Monde