Au cœur des secrets industriels de Dacia, machine à cash du groupe Renault

June 19, 2023
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A l’atelier d’emboutissage de l’usine Dacia de Mioveni (Roumanie), le 16 juin 2023. EUGEN OPRINA

Ces deux dernières semaines, une noria de cars venant de Bucarest a desservi l’usine Dacia de Mioveni (Roumanie). Plus de un millier de concessionnaires, de partenaires et de journalistes étaient invités à découvrir le site de production de la filiale de Renault. Détendu et souriant, Denis Le Vot, le patron de la marque, accueillait en personne les visiteurs, dont Le Monde, pour cette opération de communication bien rodée.

Dans un bâtiment tout neuf, accolé pendant la pandémie de Covid-19 à l’atelier d’emboutissage, Alina Predescu détaille le fonctionnement de la nouvelle presse à grande vitesse. « Cet équipement n’existe que dans cinq usines du groupe Renault : à Maubeuge [Nord], à Tanger (Maroc), à Palencia (Espagne), à Bursa (Turquie) et ici. Elle a coûté 37 millions d’euros, détaille la responsable de ce département. En mai, elle a produit 704 capots à l’heure. » Elle énumère les marques des robots suisses, allemands ou coréens de la ligne. Que du haut de gamme industriel.

Un peu plus loin, dans un autre hangar, une voiture sort toutes les cinquante-cinq secondes de la ligne de montage, quelques secondes de moins que sur les lignes les plus performantes de Renault, et même de Toyota. In fine, 350 000 Logan, Stepway, Duster, Jogger (qui existe en hybride), en blanc, gris comète ou kaki lichen − la couleur qui habille désormais les concessions Dacia − sortent chaque année de cette usine.

Sur le convoyeur, un écran indique la performance en temps réel : 65,5 véhicules par heure. Et le directeur de l’usine se félicite : « Nous tournons à 98,5 % de notre capacité. C’est la deuxième meilleure performance du groupe derrière l’usine de Tanger, mais nous voulons devenir le “bench” », explique-t-il. Le « bench », c’est le benchmark, la référence, le graal pour les dirigeants du site roumain, qui tourne sur le modèle des trois-huit, six jours sur sept et onze mois sur douze. Le septième jour et le douzième mois sont consacrés à la maintenance.

Peu de modèles et d’options

Au total, 10 500 personnes y travaillent quarante heures par semaine, souvent quarante-quatre heures avec les heures supplémentaires, grâce auxquelles le salaire moyen est de 1 200 euros net en moyenne. Un niveau de rémunération qui permet d’avoir une usine bien moins robotisée que ses équivalentes en France ou en Espagne. Dans le bâtiment de la tôlerie, le taux d’automatisation de 44 % va passer à 52 %, loin des 80 % ou plus d’une usine française ou espagnole. « Un robot, c’est du capital immobilisé qui s’adapte moins facilement que la masse salariale à la demande ou au manque de composants », observe Christophe Dridi, le directeur industriel, qui compte tout.

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Source: Le Monde