25 milliards de dollars : pourquoi Intel fait un nouvel investissement colossal en Israël
Dans ce qui serait le plus gros investissement étranger de l’histoire du pays, le géant des puces Intel s’apprête à investir 25 milliards de dollars pour étendre son appareil de production sur place. Un choix logique, car le pays est une pépite technologique.
Après plus de 4 milliards d’euros en Pologne la semaine dernière, voilà qu’Intel annonce investir en Israël… une somme plus de cinq fois supérieure. Dans le courant du week-end, le ministère des Finances et le cabinet du premier ministre israéliens ont conjointement indiqué un accord de principe avec la direction d’Intel pour la construction d’une nouvelle usine de production de puces de pointe à 25 milliards de dollars, soit 22,9 milliards d’euros. Les différentes sources proches du dossier parlent d’un soutien gouvernemental de la forme d’une aide directe d’au moins 12,8 % du montant total.
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Les nouvelles structures seront installées à côté du site de production existant de Kyriat Gat – que nous avons visité en 2022 – et devraient commencer à produire des puces à partir de 2027. Avec un maintien des opérations garanti jusqu’à 2035 au moins. Cette nouvelle méga usine renforcera la position d’Israël dans l’arsenal de production d’Intel. Ce pays, qui avait déjà une place critique dans la stratégie d’Intel, va devenir incontournable. Et si l’investissement semble colossal pour un territoire si petit et si « sensible », il paraît logique qu’Intel mette ses billes là-bas.
Usines et fournisseurs déjà sur place
Cela paraît bête à dire, mais une usine appelle bien souvent une autre usine. Si le site allemand de Magdebourg est si sensible, c’est qu’Intel n’exploitait rien à cet endroit-là. Dans ce domaine, Intel a choisi une région dans laquelle ses concurrents (GlobalFoundries, Bosch), ont déjà des usines qui constituent, autour d’elles, un écosystème déjà solide.
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Avec déjà deux usines – une en fonctionnement et une qui était déjà en construction – Kyriat Gat n’est pas à considérer comme un site vierge, mais comme un écosystème où la nouvelle usine est une extension de l’existant. Ce qui est bien plus simple à gérer, car la chaîne d’approvisionnement est déjà en place. En effet, outre la difficulté de construire une usine de pointe – dimensions exceptionnelles, structures renforcées, normes antisismiques très avancées, etc. – qui demande des partenaires de confiance, un tel site a des besoins exceptionnels pour fonctionner. Qu’il s’agisse de machines, de composants, de chimie ou de matières premières.
Or, ces chaînes d’approvisionnement sont déjà en place à Kyriat Gat et l’avancée de la construction du second site (en cours), a sans doute dû rassurer Intel dans sa capacité à lancer la construction d’un nouveau super site. Tant du point de vue du matériel que de l’humain.
Les talents sont là et Intel Israël a la confiance de la maison mère
Avoir des usines déjà en place, c’est bien. Des sous-traitants et fournisseurs, c’est encore mieux. Mais la dernière pièce maîtresse, ce sont les humains et leurs talents. Or, Intel peut compter sur un réservoir qu’il connaît depuis longtemps déjà. Avec 12.000 employés dans le pays, la firme américaine est un des plus gros employeurs privés d’Israël.
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Et Intel a une excellente lecture du type de talents locaux, car l’entreprise embauche aussi bien des ingénieurs et chercheurs sur ses sites de conception de puces à Haïfa, que des techniciens, mécaniciens, chimistes, logisticiens… sur ses sites de production. Or, dans les domaines de la conception logique (développement des plans des puces), que de la production industrielle en elle-même, la filiale israélienne d’Intel a de plus en plus le respect de la maison mère.
Outre l’aventure Centrino à partir de 2003, œuvre de l’équipe israélienne de Mooley Eden qui avait déjà remis Intel sur les rails à l’époque, ces dernières années ce sont plusieurs générations de puces (Tiger Lake, Raptor Lake) qui ont été en grande partie coordonnées par les ingénieurs locaux.
Sans même parler des équipes de Mobileye, propriété d’Intel, qui domine le segment des puces automobiles liées à la voiture autonome. Même son de cloche quant aux usines : c’est Israël qui, la première, a mis en place la production de masse de puces en 10 nm/Intel 7. C’est l’ex-patron de Kyriat Gat, Daniel « Danny » Benatar, qui est désormais aux commandes de toutes les fabs d’Intel dans le monde.
Israël, terre de technologie et vraie startup nation
Finalement, il faut parler du contexte du pays. Très utilisé par le président français, le terme de « startup nation », qui ne convient guère à la France (qui est plus une terre de grands groupes), a été historiquement inventé pour parler d’Israël. Dans un contexte d’instabilité géopolitique permanent, le pays a dû composer avec ses faiblesses… et ses forces.
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Notamment, la qualité de ses universités et son puissant écosystème militaire. Qui, fonctionnant de concert, ont permis au pays de créer un écosystème technologique assez unique au monde. Outre Intel, d’autres géants comme Google font développer leurs puces dans le petit pays.
Un pays qui a accouché de centaines de pépites technologiques et qui est en pointe dans la conception de puces, d’optiques, et d’IA. Et ce, aussi bien dans les conceptions de puces (Intel avait d’ailleurs racheté Nervana et Habana) que dans le monde du software. L’investissement majeur d’Intel dans le pays est donc loin d’être une surprise. Il reste cependant à voir si le plan d’investissement massif d’Intel aux USA, en Europe et en Israël portera ses fruits. Car face à TMSC et Samsung en production, Apple et tout l’écosystème ARM en matière de conception de puces et Nvidia et AMD en côtation boursière, Chipzilla a un peu perdu de sa superbe.
Source : Bloomberg
Source: 01net