Retraites : le système resterait déficitaire en 2030, malgré la réforme

June 19, 2023
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Quatorzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, à Paris, le 6 juin 2023. AGNES DHERBEYS / MYOP POUR «LE MONDE»

Contrairement à ce qu’avait pronostiqué le gouvernement, le système de retraites ne devrait pas renouer avec l’équilibre financier en 2030. C’est l’un des enseignements du ­rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui doit être rendu ­public jeudi 22 juin et que Le Monde a pu consulter dans une version quasi définitive, lundi 19 juin. Après trois exercices excédentaires en 2021, 2022 et 2023, les régimes de pension devraient, par la suite, être déficitaires, avec un solde entre les dépenses et les recettes qui serait négatif en 2030, le « trou » représentant entre – 0,2 % et – 0,3 % du produit intérieur brut (PIB), selon les scénarios.

Cette projection, si elle se confirmait, tendrait à montrer que la réforme des retraites promulguée le 14 avril n’atteindrait pas tout à fait son objectif : l’exécutif ambitionnait, en effet, de ramener le dispositif sur la ligne de flottaison en 2030, en repoussant l’âge légal de départ de 62 ans à 64 ans et en allongeant la durée de cotisation requise pour avoir droit au taux plein. De tels chiffrages sont susceptibles d’accréditer la thèse selon laquelle les mesures prises récemment ne seraient pas suffisantes pour rééquilibrer le système et qu’il en faudrait d’autres, à terme.

Les régimes, regardés dans leur globalité, ne sortiraient de la zone rouge qu’à la fin des années 2040, dans le scénario le plus optimiste, avec une productivité progressant de 1,6 % par an en moyenne – un ratio qui n’a pas été atteint depuis de nombreuses années. Dans les autres hypothèses de croissance de la productivité, les caisses de retraite resteraient durablement déficitaires, avec des besoins de financement oscillant entre 0,2 % et 1,6 % du PIB en 2070.

Des situations diverses d’un secteur à un autre

Pour autant, il ne faut pas en déduire que la loi récemment adoptée ne produit aucun effet. Le COR explique que les mesures d’âge auraient comme incidence de freiner l’accroissement des dépenses des pensions : alors qu’elles avaient connu une hausse de 1,8 % par an en moyenne entre 2002 et 2022, le tempo se ralentirait, redescendant entre 1,3 % et 1,4 % en moyenne annuelle entre 2023 et 2030. Grâce à cette évolution, la part de richesse nationale consacrée au paiement des retraites reculerait légèrement, passant de 13,7 % du PIB en 2022 à 13,5 % en 2030. « Sans la réforme, ce ratio serait resté globalement stable sur cette période », souligne le COR.

Précision importante : les situations sont extrêmement diverses d’un secteur à un autre. Ainsi, les régimes de base des salariés du privé et le fonds de solidarité qui finance le minimum vieillesse, le FSV, seraient à l’équilibre durant les années 2030, puis leurs comptes se dégraderaient « continûment dans trois scénarios sur quatre ». Les caisses de la fonction publique et assimilée, de leur côté, seraient dans le rouge sur toute la période à venir, jusqu’en 2070, quelle que soit l’hypothèse de croissance envisagée, en raison notamment des difficultés croissantes de trésorerie du dispositif pour les agents hospitaliers et fonctionnaires des collectivités territoriales.

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Source: Le Monde