Richard Ferrand empêtré dans la polémique du troisième mandat présidentiel

June 19, 2023
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L’ancien président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, à Paris, le 29 juin 2022. JULIEN DE ROSA / AFP

Une maladresse, à moins d’un aveu inconscient ? Depuis l’entretien qu’il a accordé au Figaro lundi 19 juin, Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, tente d’éteindre la polémique qu’il a lui-même déclenchée. Dans le quotidien, ce très proche d’Emmanuel Macron, resté silencieux depuis sa défaite aux élections législatives de juin 2022, dit regretter que le chef de l’Etat ne puisse se représenter en 2027 et laisse entendre qu’il faudrait réformer la Constitution. « A titre personnel, je regrette tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire », défend-il, déplorant la « limitation du mandat présidentiel » qui « corsète notre vie publique ». « Changeons tout cela, appelle-t-il de ses vœux, en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques. »

Il n’en fallait guère davantage pour que les oppositions soupçonnent Emmanuel Macron de vouloir prolonger une décennie de pouvoir suprême. « Et pourquoi pas restaurer l’Empire avec Macron Ier ? Richard Ferrand, le visage de la dérive autocratique de la Macronie », a accusé la cheffe de file des députés La France insoumise, Mathilde Panot, sur Twitter.

« Modifier la Constitution pour se permettre de rester au pouvoir. Les deux derniers à l’avoir fait s’appellent Xi Jinping et Vladimir Poutine… Voilà donc le plan démocratique d’Emmanuel Macron ? », s’interroge le sénateur Les Républicains, Alain Houpert.

Le président de la République envisage une vaste réforme institutionnelle, mais n’a jamais publiquement évoqué l’idée de retoucher l’article 6 de la Constitution, selon lequel le locataire de l’Elysée « ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Ce qui empêche donc l’actuel chef de l’Etat de briguer un nouveau mandat en 2027. Dans un entretien au Point, en avril 2022, Emmanuel Macron n’évoque qu’un retour au septennat, assorti d’une « respiration démocratique » à mi-mandat. « La question du retour au septennat doit être posée. Il faut instaurer une respiration démocratique à mi-mandat, avec les élections législatives », répète le chef du parti Renaissance Stéphane Séjourné, dans Le Figaro, le 12 janvier.

« A la différence d’un despote... »

En droit, la manœuvre qui permettrait à Emmanuel Macron de se représenter dès 2027 existe, sous réserve qu’elle soit votée à l’identique par les deux Chambres, puis à la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés du Parlement réuni en Congrès. « Dans la Constitution, on peut faire ce qu’on veut. Rien ne l’interdit », estime Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public, en rappelant que le président turc Erdogan vient de se faire réélire à un troisième mandat, malgré la limitation dans la Constitution turque de 2017 à deux mandats successifs.

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Source: Le Monde