Quel avenir pour Henry-Jean Servat, convoqué par le maire de Nice après ses critiques acerbes ?

June 21, 2023
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Limogé ou pas? Le sort d’Henry-Jean Servat est en suspens. Selon nos informations, le conseiller municipal devrait sauver sa place dans l’exécutif. En tout cas sa délégation à la Protection animale où son investissement fait l’unanimité depuis qu’il a été élu avec la majorité il y a trois ans. Rien n’est moins sûr s’agissant de sa subdélégation au Cinéma tant ses critiques sur la politique culturelle de la Ville font des vagues depuis la mise en ligne samedi de L’Interview à la une.

Invité du grand entretien hebdomadaire de Nice-Matin et Radio Émotion, le journaliste people s’était lâché contre "la tendance woke de l’opéra", la démolition du Théâtre national de Nice ("Je trouve que ce n’est pas bien"). Il avait aussi égratigné les sculptures que Richard Orlinski expose jusqu’au 30 septembre ("Je trouve ça horrible! Ce ne sont pas des créations. C’est de la confection industrielle") et avait considéré qu’à Nice, "Beaucoup de gens qui s’occupent du cinéma n’y connaissent rien."

Une franchise détonante, ostensiblement saluée par l’opposition. "À #Nice06, celui qui parle le mieux de culture, c’est @HenryJeanServat", s’est égayé sur Twitter l’ex-élu PS Patrick Allemand. "Nous ne sommes pas très loin de penser, comme M. Servat, qu’il y a avec cette municipalité une dérive woke dans les choix culturels", a embrayé sur un blog le chef de file de Reconquête, Philippe Vardon.

"Prêt à tout pour exister"

Face à ce début de crise politique et au tollé interne suscité par une personnalité très diversement appréciée, le maire a condamné lundi soir "des propos inadmissibles (...) à l’endroit d’agents publics de la Ville de Nice en charge de l’opéra, du cinéma et de l’action culturelle." Et annoncé avoir "convoqué" l’électron libre "pour obtenir des éclaircissements de sa part."

Selon nos informations, cette mise au point doit avoir lieu demain. De quoi apaiser l’adjoint à la Culture, Robert Roux: "Je ne souhaite pas polémiquer mais ça n’est jamais agréable d’être mis en cause par un collègue." Ou l’artiste Orlinski: "Henry-Jean Servat est prêt à tout pour exister (...). Il pense avoir le monopole du bon goût. C’est bien sûr son droit (...) d’aimer ou pas mon art. Mais l’essence même de la création artistique n’est-elle pas de susciter une émotion, (...) positive ou négative?"

Servat tempère

Alors que le débarquement de l’affranchi était d’abord envisagé, la volonté de calmer les choses semble l’emporter. "Je ne renie rien mais si je devais partir, je le regretterais. J’aime passionnément Nice et Christian Estrosi. Et je suis reconnaissant à Robert Roux de m’avoir permis de faire la plus belle exposition sur Jacques Cordier [artiste-peintre] au palais Masséna", tempère Servat.

Alors que son épouse et lui sont très attachés au trublion, Christian Estrosi n’envisage pas son exclusion de gaieté de cœur. Et par-dessus tout de faire un cadeau à son opposition qui se délectait hier sur les réseaux sociaux. Éric Ciotti (LR): "Soutien à @HenryJeanServat (...) convoqué par Christian Estrosi pour avoir osé critiquer la destruction du théâtre national et l’effondrement de la politique culturelle. Manifestement, la liberté d’expression n’a pas sa place quand le fait du prince est contesté."

Jean-Christophe Picard (EELV): "En début de mandat, @cestrosi avait vanté la liberté de ses colistiers à l’inverse, selon lui, des élus d’opposition… Mais, en réalité, ses colistiers sont juste libres de chanter ses louanges! #Pathétique"

Source: Nice matin