La Bulgarie et la Roumanie entreront très certainement dans l’espace Schengen dans les mois à venir

June 22, 2023
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Les institutions européennes se préparent à accueillir la Bulgarie et la Roumanie dans l’espace Schengen dès cette année. Les deux pays devraient entrer dans la zone de libre circulation par la voie des contrôles aéroportuaires en octobre avant qu’ils ne deviennent membres à part entière et que les contrôles aux frontières terrestres soient supprimés le 1er janvier 2024, ont indiqué à EURACTIV Bulgarie des sources diplomatiques non officielles à Bruxelles ainsi qu’au Parlement et au gouvernement bulgares.

Selon des sources à Sofia, la Bulgarie a de sérieuses chances, si elle exerce une pression diplomatique et montre son désir de poursuivre les réformes, de parvenir à une adhésion complète à Schengen dès le mois d’octobre de cette année.

Il y a encore un mois, le principal obstacle à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen résidait dans l’opposition des Pays-Bas. Le gouvernement de Mark Rutte a fait savoir de manière informelle qu’il appréciait les efforts du Parlement bulgare et des quatre derniers gouvernements visant à lancer une véritable réforme judiciaire grâce à l’introduction d’un mécanisme d’enquête indépendante sur le procureur général, qui a été adopté à la fin du mois de mai.

Le précédent procureur général bulgare, Ivan Geshev, qui n’avait pas très bonne réputation auprès des institutions européennes, est devenu la première victime de la nouvelle législation après avoir été démis de ses fonctions il y a dix jours. L’UE considère également qu’il s’agit là d’un bon résultat de la réforme bulgare et espère que le nettoyage du système judiciaire se poursuivra.

La deuxième raison majeure de la levée des obstacles à l’entrée de la Bulgarie dans l’espace Schengen tient à l’élection d’un gouvernement pro-européen régulier à Sofia, soutenu par le GERB et le PP-DB, qui déclarent leur intention de réviser la politique du président Roumen Radev à l’égard de l’Ukraine.

Les partenaires européens du pays espèrent que la réalisation de cet objectif majeur en matière de politique étrangère aidera à surmonter la crise politique à Sofia. En juillet, la Commission européenne publiera le dernier rapport de suivi sur l’État de l’État de droit et la lutte contre la corruption en Bulgarie, rédigé à la demande des Pays-Bas. Ce rapport critiquera l’absence de résultats suffisants dans la lutte contre la corruption au sommet du pouvoir, mais saluera également la volonté politique affichée de poursuivre les réformes.

Les objections de l’Autriche à l’élargissement de Schengen sur fond de crise des réfugiés ne sont pas tombées, mais on s’attend à ce que Vienne ne freine plus les deux États balkaniques si elle reste le seul pays de l’UE à s’y opposer. Le prochain objectif majeur des institutions bulgares consiste à entrer dans la zone euro à partir du 1er janvier 2025.

En décembre dernier, l’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen avait été bloquée par l’Autriche et les Pays-Bas. La Roumanie n’avait été freinée que par l’Autriche, tandis que la Croatie était devenue membre à part entière de la zone de libre circulation par une décision unanime en janvier. Le nouveau Premier ministre roumain Ion-Marcel Ciolacu a annoncé plus tôt cette semaine dans un entretien avec EURACTIV qu’il avait chargé ses ministres d’élaborer un plan visant à persuader l’Autriche de lever son veto sur l’admission de la Roumanie dans l’espace Schengen.

Les Pays-Bas ont demandé aux autorités bulgares de prouver qu’elles luttent contre la corruption et qu’elles n’ont pas abandonné la réforme judiciaire. Les exigences de l’Autriche semblent beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre, le chancelier autrichien Karl Nehammer commençant même à réclamer une nouvelle clôture le long de la frontière avec la Turquie, ce qui a été rejeté par la Commission européenne.

Début juin, la Commission a accordé une nouvelle aide financière à la Roumanie et à la Bulgarie pour la mise en œuvre de projets pilotes déjà lancés en matière de gestion des frontières. L’aide accordée à la Bulgarie s’élève à 45 millions d’euros et celle accordée à la Roumanie à 10,8 millions d’euros.

En outre, la Commission européenne salue les progrès réalisés au cours des trois derniers mois par les deux pays dans les domaines de l’asile et du retour des immigrés clandestins, de la gestion des frontières et de la coopération internationale. Ces progrès qui devraient apaiser les craintes de l’Autriche selon qui Sofia et Bucarest n’en font pas assez pour enregistrer les immigrés clandestins.

Source: EURACTIV France