Red Bull peut-elle remporter tous les Grands Prix cette saison ?

June 22, 2023
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Alfa Romeo et Ferrari ont déjà signé un Grand Chelem en Formule 1, respectivement en 1950 et 1952. Du temps où les écuries britanniques n'avaient pas déferlé sur les pistes, les deux marques italiennes avaient remporté tous les Grands Prix de la saison. Le calendrier n'en comptait pas 22 comme aujourd'hui et le Quadrifoglio et le Cheval cabré avaient fait l'impasse sur les 500 miles d'Indianapolis, une pièce exotique rapportée à la Formule 1 pour lui donner un label mondial.

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Depuis, plusieurs écuries ont dominé le championnat du monde jusqu'à l'écœurement, mais jamais sans partage. Red Bull pourrait-elle créer un précédent cette saison ? L'équipe autrichienne a trusté les huit premières courses de 2023 et égalé le meilleur démarrage de l'histoire de Mercedes datant de 2019. Pour ce qui est du record, la machine bien huilée de Milton Keynes va encore devoir cravacher un peu : en 1988, McLaren avait régné sur les 11 premiers week-ends de course, avec Alain Prost et Ayrton Senna, des calibres d'une rapidité et d'une fiabilité exceptionnelles.

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"S'adapter à tous les types de circuit"

Au 12e rendez-vous du Mondial, à Monza, l'écurie anglaise avait chuté sur une double défaillance, d'un côté technique, de l'autre humaine. Ainsi s'était envolé le rêve de Grand Chelem de Ron Dennis, le patron de Woking. Casse du Honda pour le Français, mésentente encore plus improbable pour le Brésilien, réputé habile dans le trafic, en voulant prendre un deuxième tour à Jean-Louis Schlesser, débutant-pigiste pour Williams, à deux tours de l'arrivée.

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Cette unique chute dans un Championnat à 16 épreuves avait procuré des regrets éternels à Ron Dennis, d'une obsession maladive pour la perfection. "Notre philosophie était d'enlever chaque course, ce qui obligeait l'écurie à un travail technique très minutieux et à prouver que nos voitures pouvaient s'adapter à tous les types de circuit, avait soufflé le patron anglais. Notre challenge, aussi provoquant fut-il interprété - voire déformé - n'a jamais porté sur l'ensemble des Grands Prix comme s'il s'agissait d'un programme impératif… D'ailleurs, si j'avais visé les 16 Grands Prix, Ayrton et Alain auraient reçu des consignes appropriées en fonction de leurs styles, de leurs aptitudes à briller en telle ou telle circonstance, voire aussi en fonction de notre intérêt d'image de l'écurie. Or ce ne fut jamais le cas. Ils ont couru en toute indépendance, avec la seule restriction évidente de ne pas se nuire et de ne jamais oublier l'intérêt supérieur de l'équipe."

L'exemple de Mercedes

Cette gestion pragmatique de ce duo de feu devait mener à une domination écrasante, exclusive, historique. Un précédent impossible à reproduire dans les termes définis, avec l'une des machines les plus belles et les plus efficaces de tous les temps, et deux cracks comme finalement personne n'a su en associer depuis.

Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix du Canada 2023 Crédit: Getty Images

Beaucoup ont essayé ensuite, en s'approchant du score parfait sans l'atteindre. Mercedes a tourné à 19/21 en 2016 avec Lewis Hamilton et Nico Rosberg. Et chuté une première fois, faute d'avoir su faire respecter les principes de Ron Dennis, quelque trois décennies plus tôt. Les pilotes de Toto Wolff avaient priorisé leurs intérêts personnels et c'est pour cela qu'ils ont fini dans un bac à graviers à Montmelo. Plus tard, à Sepang, Mercedes n'avait pas non plus accompli le "travail technique très minutieux" de préparation et les impondérables avaient fait le reste. Domination en essais, casse moteur pour Lewis Hamilton en course, accrochage non responsable pour Nico Rosberg au départ…

Plus proche de Ferrari

Avec le meilleur matériel et un duo de pilotes hors normes, McLaren et Mercedes avaient quand même échoué, et c'est peut-être finalement l'exemple de Ferrari en 2002 qui rappelle le plus la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui Red Bull Racing. Avec son pilote star - Michael Schumacher - et un pilote n°2 aux ordres, Rubens Barrichello, la Scuderia n'était pas passée loin de tout rafler (15/17). L'Allemand avait fini toutes les courses dans les top 3, et Max Verstappen a fait mieux jusqu'à présent en se classant premier ou deuxième.

Le "Baron rouge" était au cœur d'une série de 24 arrivées dans les points, et "Super Max" n'a aujourd'hui rien à lui envier en affichant 27 résultats primés consécutifs. Mais la force des Rouges était aussi sa faiblesse : "Rubinho" était un "back up" fragile, comme l'est devenu aujourd'hui Sergio Pérez chez Red Bull. Et c'est ce qui appelle plus que jamais Christian Horner à la prudence. "Nous avons 22 épreuves, des circuits urbains, des conditions météo différentes, la question de la fiabilité, de la stratégie, le facteur chance… Je pense donc que gagner 22 Grands Prix est inimaginable", déclarait le directeur d'équipe au Financial Times en mai, après la cinquième victoire de l'équipe. "Nous voulons juste continuer aussi longtemps que possible, prendre le temps à chaque course et ne pas penser à essayer de gagner 22 courses."

Sergio Pérez et Max Verstappen (Red Bull) au Grand Prix d'Azerbaïdjan 2023 Crédit: Getty Images

On le comprend bien, le Grand Chelem sur la saison n'est pas un sujet chez Red Bull, parce qu'il faut encore faire face à trop de défis, d'impondérables. La RB19 reste néanmoins un formidable atout pour y parvenir. La création d'Adrian Newey a d'ailleurs reçu tous les drapeaux à damier en 2023 - seule l'Alfa Romeo en a fait autant - et c'est la première condition à remplir. "Il est probable qu’ils remportent toutes les courses, à moins qu’Aston Martin et nous n’améliorions fortement nos voitures ou que leurs voitures ne finissent pas" : Lewis Hamilton (Mercedes) a tout dit. Le reste de l'histoire est à écrire. On verra si c'est avec un grand h pour Red Bull.

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Source: Eurosport FR