Explosion à Paris : " Le bilan aurait pu être bien plus lourd "

June 22, 2023
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Après le drame, une forme d’incrédulité perdure. Le vertige aussi de se sentir rescapé de justesse. « Il va falloir du temps pour digérer tout ça. Les gens sont très choqués », résume Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique. En effet, ses locaux sont les voisins immédiats de l’immeuble de l’American Academy où s’est produite une explosion de gaz, le 21 juin, dans le 5e arrondissement de Paris.

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Ces organisations, logées dans des bâtiments du XVIIe siècle, partagent la même adresse, le 277 rue Saint-Jacques, et il faut passer sous le porche de l’American Academy – qui donne côté rue – pour se rendre au Sgec, à la Mutuelle Saint-Christophe ou encore à l’Association des parents de l’école libre (Apel) – situés côté cour. Tout cela dans un mouchoir de poche.

« Mon bureau se situe à 20 mètres du lieu de l’explosion », évalue Philippe Delorme. Or, ce mercredi 21 juin, à 16 h 50, quand la déflagration s’est produite, il n’y était pas, retenu à l’opposé du bâtiment par une réunion de la commission permanente de l’enseignement catholique, groupe de réflexion qui se réunit toutes les six semaines. Vingt-cinq personnes étaient présentes pour l’occasion.

« Les portes fermées à clé avaient été arrachées »

« Les fenêtres étaient ouvertes, nous avons pu sentir la forte odeur de gaz et sortir très vite, reprend le secrétaire général. J’ai juste pris le temps de faire sonner l’alarme et de réaliser le tour du bâtiment afin de m’assurer que personne ne restait derrière. J’ai alors constaté que les vitres de mon bureau avaient été soufflées, ainsi que la cloison de verre qui le sépare de celui de ma secrétaire. Dans tout le bâtiment, les portes fermées à clé avaient été arrachées. »

Ensuite, l’ensemble des personnes présentes a réussi à quitter les lieux, en passant par une grille située au fond de la cour et qui communique avec l’hôpital du Val-de-Grâce mitoyen. Celui-ci ne reçoit plus de patients mais des membres de Vigipirate, et des historiens de la médecine militaire ont ouvert la grille et pris en charge l’équipe.

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Au final, un salarié du Secrétariat général présente des brûlures, mais, surtout, un blessé grave est à déplorer parmi les équipes de la Mutuelle Saint-Christophe. « Et nous n’avons pas de nouvelles de nos voisins, ni de certaines personnes familières, comme la postière qui sortait tout juste de chez nous. Qu’est-elle devenue ? », s’interroge Philippe Delorme.

Peu de monde était présent en ce mercredi après-midi

Le pire a sans doute été évité. En effet, dans ce quartier très passant, où les écoles sont nombreuses, il y avait peu de monde en ce mercredi après-midi, à l’exception de la Schola Cantorum toute proche qui accueillait des élèves à l’école de musique. À l’Apel, les effectifs étaient aussi clairsemés. « C’était quasiment vide », confirme Marc Guidoni, directeur des services.

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Surtout, la Mutuelle Saint-Christophe, durement éprouvée, tenait le matin même son assemblée générale. « Ils étaient très nombreux et sont même restés déjeuner sur place en compagnie de Mgr Antoine Hérouard, président de la mutuelle, qui devait présider une messe dans l’après-midi. » Là encore, le groupe avait eu le temps de se disperser avant la déflagration. « À quelques heures près, le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd », reconnaît Philippe Delorme.

« Il y a un trou au-dessus du porche de l’American academy »

« Ce n’est que le soir, en retournant sur les lieux pour chercher les effets personnels des salariés que je me suis rendu compte de l’ampleur des dégâts, raconte pour sa part Marc Guidoni. J’ai été frappé par l’épuisement des pompiers. » Contrairement à ce qui a pu être dit, l’ensemble des bâtiments tient encore debout, précise-t-il, « même s’il y a un trou au-dessus du porche de l’American Academy ».

L’explosion a aussi abîmé un immeuble situé de l’autre côté de la rue Saint-Jacques, au numéro 292, dont le rez-de-chaussée abrite l’Union nationale de l’enseignement privé (UNETP), qui représente les chefs d’établissements catholiques. « Trois personnes étaient sur place mais aucun blessé grave n’est à déplorer », explique Fabrice Hermil, à la tête du lycée de la Providence à Nice, prévenu le soir même par son organisation syndicale. En revanche, les dégâts matériels sont importants. Des vitres sont tombées jusqu’à la rue Pierre-Nicole, à 300 m.

Désormais, les services du Sgec vont se remettre au travail et préparer la rentrée dans des locaux provisoires, situés à Montrouge (Hauts-de-Seine), le temps que les expertises puis les réparations puissent avoir lieu.

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Six blessés graves

Les recherches se poursuivaient jeudi 22 juin pour retrouver une personne toujours portée disparue dans les décombres de l’immeuble, au lendemain de l’explosion. La préfecture de police a précisé que l’une des deux personnes encore portées disparues mercredi soir était toujours recherchée. L’autre avait déjà été prise en charge. Jeudi en fin d’après-midi, le bilan s’élevait à six blessés graves et à « une cinquantaine de victimes au total ». La cause de l’explosion restait non déterminée.

Source: La Croix