Nouveau stade à Brest : Roudaut renvoie les élus écolos dans leurs buts
Il n’aura pas mis longtemps à étrenner sa nouvelle double casquette d’élu référent aux équipements sportifs et métropolitains. Moins d’une semaine après l’attribution de ces nouvelles responsabilités, ce vendredi 23 juin 2023, Stéphane Roudaut, premier vice-président, a demandé à prendre la parole en ouverture du conseil de Brest Métropole pour intervenir sur l’actualité brûlante du nouveau stade.
Deux jours après la sévère attaque des élus écologistes brestois , remettant en cause le bien-fondé de ce projet à 106,50 M€ dont 27 M€ sur fonds publics , le maire de Gouesnou a appelé chacun (sans les nommer, mais c’est tout comme) à se garder de verser dans une approche passionnelle. « Comme beaucoup ici, je suis amoureux de notre bon vieux stade. Mon rapport à "Francis", il n’est pas politique. Il est personnel. J’y allais tout minot avec mon père ». Façon de rappeler qu’au sujet de Le Blé, les Verts n’ont pas le monopole du cœur, comme aurait dit Giscard d’Estaing.
« Comme beaucoup ici, je suis amoureux de notre bon vieux stade »
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« Le Guipavas de Lyon »
« Mais aujourd’hui, la raison et le bon sens doivent l’emporter », a-t-il poursuivi. Pour Stéphane Roudaut, prétendre que les deux options (rénovation en profondeur de l’existant ou nouvel équipement) n’ont pas fait l’objet d’une réelle instruction est « d’une malhonnêteté sans nom ». De même, il avoue ne pas comprendre les insinuations « de chantage, menaces et passage en force » qui auraient été exercés dans ce dossier.
« Il s’agit toujours d’un projet à dominante privée, même si les clefs de financement ont évolué. D’ailleurs, des projets de stade à 100 % sur des fonds privés, cela n’existe pas à ma connaissance », a-t-il insisté.
« Des projets de stade à 100 % sur des fonds privés, cela n’existe pas à ma connaissance »
Le maire de Gouesnou a ensuite dressé un parallèle avec le grand stade de l’Olympique Lyonnais, à Décines, « le Guipavas de Lyon ». « Sur les 632 M€ de l’opération, les acteurs publics en ont financé 200 M€, soit près d’un tiers. Le montage proposé ici, à Guipavas, se rapproche plus de l’exemple lyonnais que du partenariat public-privé ».
« C’est du bricolage »
Pour Stéphane Roudaut, c’est une méconnaissance totale que de parler ici de partenariat public-privé (PPP). « Ce n’est pas un PPP contracté avec un Vinci (Bordeaux), Eiffage (Lille) ou Arema (Marseille). Ni le Stade Brestois ni la société de portage ne sont la propriété d’un fonds de pension américain, d’un oligarque russe, d’un milliardaire russe, chinois ou du Qatar. C’est un montage en circuit court, avec à la manette les frères Le Saint », a-t-il défendu.
« Mettre 50 M€ dans une rénovation qui ne sera pas satisfaisante à long terme, y compris sur le volet environnemental, c’est du bricolage »
Rappelant tous les obstacles à une rénovation (vétusté, problèmes d’amiante, emprise foncière, menaces régulières de la Ligue de football de ne plus accorder de dérogation), il a conclu : « Mettre 50 M€ dans une rénovation qui ne sera pas satisfaisante à long terme, y compris concernant le volet environnemental, c’est du bricolage ».
Les écologistes, des « Inzaghi » (ex-footballeur italien, réputé truqueur, NDLR) qui font du cinéma « dans la surface de réparation » ?
« Ni le Stade Brestois ni la société de portage ne sont la propriété d’un fonds de pension américain, d’un oligarque russe, d’un milliardaire russe, chinois ou du Qatar »
Les Verts crient à la faute
Alors qu’Éric Guellec annonce que le PC conditionne son soutien au projet de nouveau stade à un effort conjugué de la collectivité en direction des bâtiments publics et du social, que Marc Coatanéa (Brest progressiste) et Bernadette Malgorn (« Brest, c’est vous ! ») souscrivent sans réserve, Glen Dissaux monte au créneau. Forcément bousculé, le capitaine de l’équipe des Verts contre-attaque posément, appelant à un autre type d’arbitrage. Pour lui, le « C’est comme ça, un point c’est tout » ne colle pas. Le montant « de la dépense d’argent public » (27 M€) mérite davantage de débats. Il veut « objectiver » les dépenses.
Glen Dissaux, président du groupe écologiste à la Ville de Brest et à Brest Métropole. (Photo Le Télégramme/Jean-Luc Padellec)
Un positionnement qui fait réagir Fortuné Pellicano. Pour le radical de gauche, Brest a besoin d’un nouveau stade. Un investissement « pour les 50 prochaines années », dit-il. Le socialiste Yann Guével reprend de volée et interroge le scénario d’une rénovation du vieux stade : est-ce « raisonnable d’ériger des tribunes de 23 m de haut à Le Blé ? Il y a des gens qui vivent aussi dans le quartier ».
Source: Le Télégramme