Zaho de Sagazan : "Je n'ai pas décidé d'être artiste, ce choix s'est imposé à moi"
Interview-. Nouvel espoir de la chanson française, la musicienne de 23 ans, a accompli un petit miracle intitulé La Symphonie des éclairs, son premier album. Auréolée par le public et la critique, elle poursuit son ascension fulgurante avec sa tournée française. Mais avant, elle s'est prêté au jeu de notre interview «Autopromo».
Nourrie de chanson française et d'électro, l'auteure-compositrice et interprète française crie tout bas, et ses mots justes, lancés comme des petits cailloux sur une montagne, résonnent comme un gong.
«Réaliser ce premier album a été pour moi une évidence»
Mon actu ?
Réaliser ce premier album a été pour moi une évidence. Je n'ai pas décidé d'être artiste, ce choix s'est imposé à moi. J'ai commencé le piano à 13 ans, et le chant est venu immédiatement après. Depuis, je suis obsédée par la musique et le pouvoir du langage. J'ai eu la chance d'avoir un père plasticien, que je regarde créer sans répit. Il m'a encouragée à sculpter les mots et le son. J'aime écrire de façon très visuelle : La Symphonie des éclairs, par exemple, est née pendant que j'observais le ciel en tempête du hublot d'un avion. J'aurais voulu danser dans ce superbe orage et le traverser, comme un faisceau de lumière.
Mon état du moment ?
Je suis heureuse et un peu étourdie. J'avais envie de me révéler en tant qu'artiste, mais je ne m'attendais pas à passer du rôle de quasi-inconnue à celui de promesse. J'ai travaillé jour et nuit sur ce disque, pendant trois ans et demi, avec de grands moments de découragement. L'éclat avec lequel mon travail est salué a mis du sens sur ces moments de doute.
J'étais mal dans ma peau, je n'arrivais pas à m'exprimer. J'ai décidé d'évoluer, en cherchant ma narration à travers la chanson. Zaho de Sagazan
Ma tournée ?
J'aime profondément la mise en scène, les lumières, la chorégraphie des gestes. J'ai pratiqué la danse classique et contemporaine jusqu'à mes 18 ans – ma sœur est chorégraphe –, et je suis passionnée de théâtre. Je suis inspirée par les performances d'artistes comme Jacques Brel – tout son corps devenait scène quand il chantait –, ou encore par le groupe allemand Kraftwerk, qui inonde le public de cascades de sons électroniques visuels, entraînant dans une sensation de mise en orbite de l'esprit et du corps.
Parler de soi en promo est-il une corvée ?
Au contraire, j'adore. On m'avait dit «Tu répéteras les mêmes phrases cent fois.» Mais la variété de questions qu'on me pose me pousse à m'aventurer dans des chemins que je n'ai parfois pas parcourus. Elles m'obligent à fouiller mon passé, à appréhender le prochain pas. J'aimerais parler plus des détails de la création, parce que c'est là que ça devient intéressant.
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«Pendant longtemps, je me trouvais aussi médiocre que mon manque de vocabulaire»
Mon personnage ?
Pendant longtemps, je n'arrivais pas à m'aimer, je me trouvais aussi médiocre que mon manque de vocabulaire. J'étais mal dans ma peau, je n'arrivais pas à m'exprimer. J'ai décidé d'évoluer, en cherchant ma narration à travers la chanson. J'ai une nature sincère, directe. Je suis obsessionnelle, très observatrice. Je pousse mon regard et ma capacité de concentration, ce qui m'aide à nourrir mon inspiration et à diriger ma plume.
Le sujet qui me fait sortir de mes gonds ?
Je suis souvent décontenancée par la méchanceté qui se déverse sur les réseaux sociaux et par la façon dont elle n'est pas limitée, gérée. C'est un problème qui touche surtout ma génération. On lit des commentaires blessants, parfois proches du harcèlement, qui témoignent d'un malaise.
J'aime la mode, mais à ce stade de ma vie, j'ai besoin de proposer une version de moi épurée, sans ornements Zaho de Sagazan
Ma tenue idéale pour une interview ?
Mes tenues sont très sobres. Je n'arrive pas à me déguiser. J'aime la mode, mais à ce stade de ma vie, j'ai besoin de proposer une version de moi épurée, sans ornements.
Ce que je vais faire après cette interview ?
Je viens de faire la première partie de Matthieu Chedid, à l'Accor Arena, et de chanter avec lui La Bonne Étoile. C'est la première chanson que j'ai chantée sur scène. Il l'a découverte dans l'une de mes interviews et il m'a invitée à la partager sur scène avec lui !
La Symphonie des éclairs, Disparate/Virgin Records. Zaho de Sagazan fait la tournée des festivals, dont Solidays le 24 juin, à Paris. Elle sera aussi à l'Olympia, à Paris, le 4 novembre.
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Source: Le Figaro