Guerre en Ukraine : Kiev multiplie les frappes contre les Russes en attendant la contre-offensive
Ce samedi l'armée ukrainienne a notamment visé un dépôt pétrolier russe et privé d'électricité des villages de l'autre côté de la frontière. Une manière de créer de l'incertitude avant une opération annoncée depuis des mois.
Un dépôt de pétrole russe touché par une attaque de drone à Sébastopol, des villages russes près de Belgorod, proches de la frontière ukrainienne, privés d'électricité à la suite de tirs d'artillerie, tout comme le village de Nova Kakhovka près de Kherson dans le Sud... En quelques heures ce samedi 29 avril, l'armée ukrainienne a durement frappé les russes en trois points très éloignés.
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Des frappes ukrainiennes tous azimuts en ce début de week-end, alors que l'armée disait depuis plusieurs jours être en train d'achever les «derniers préparatifs» pour sa contre-offensive de printemps. L'aurait-elle déjà enclenchée ? «Les Ukrainiens ne se sont jamais interdit de frapper ces positions-là», nuance Cédric Mas, historien militaire et analyste du conflit. La frappe à Sébastopol, en Crimée, présenterait par exemple une double utilité selon le spécialiste : elle neutralise un dépôt de pétrole stratégique pour la flotte russe, et «envoie un signal fort».
Rendre coup pour coup
En attendant le lancement de la contre-offensive, il s'agit pour les Ukrainiens de «montrer qu'ils sont toujours actifs, et soutenir le moral du pays en disant qu'ils rendent coup pour coup». Les frappes ukrainiennes de ce samedi interviennent en effet au lendemain de plusieurs bombardements meurtriers, dont un ayant fait plus d'une vingtaine de morts dans la ville ukrainienne d'Ouman.
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d'ailleurs prévenu, dans un message sur Telegram ce samedi, que «chaque attaque, chaque acte pervers contre [son] pays et [son] peuple rapproche l'État terroriste de l'échec et de la punition». Cette phase d'attente, anticipe Cédric Mas, va voir se multiplier les «opérations informationnelles» de la part des deux camps, à but de communication plus que purement tactique.
Les déclarations des Ukrainiens sur l'imminence de leur contre-offensive s'inscrivent dans ce cadre-là et permettent de «gagner du temps», estime Édouard Jolly, chercheur en théorie des conflits armés à l'Institut de recherches stratégiques de l'École militaire (IRSEM), dans un entretien au Figaro . Pendant ce temps, les Ukrainiens entretiennent, avec ces attaques, l'incertitude du côté de l'ennemi.
La tactique, explique Édouard Jolly, consiste à «habituer l'adversaire à se croire menacé, en le mettant en alerte en permanence». «C'est exactement, d'ailleurs, ce que fait l'armée chinoise à Taïwan en envoyant des avions régulièrement pour qu'à force d'être en alerte tous les jours, le camp d'en face ne puisse plus distinguer une fausse alerte d'une véritable attaque.»
Tirs d'artillerie intenses
Sur le front, pour impressionner l'ennemi, les tirs d'artillerie redoublent d'intensité. «Les Russes ont aussi repris leur martellement du front, les témoignages qu'on a nous disent que ça tape beaucoup», rapporte Cédric Mas, selon qui, vu le regain d'activité, «Ukrainiens comme Russes ont dû recevoir des munitions».
Cette «phase d'attente stratégique» permet, selon l'historien militaire, aux deux parties de se préparer dans l'attente de cette contre-offensive. Celle-ci dépendra notamment, estime-t-il, «de la météo, des stocks de munitions et de leur capacité à surprendre les Russes». En attendant, résume Cédric Mas, il s'agit de ne pas baisserlsa garde et de maintenir la pression : «C'est une phase d'attente, mais certainement pas une phase de détente.»
Source: Le Figaro