“AKA”, sur Netflix : quand l’espionnage rime avec naufrage
Tandis qu’un barbouze barbote dans ce film d’action anachroniquement testostéroné, la plateforme bâcle sa bagarre sur le terrorisme. Et c’est barbant.
Ancien membre des forces spéciales, Adam Franco (Alban Lenoir) doit infiltrer l’équipe d’un trafiquant et tuer plein de méchants, et ce sans jamais desserrer les dents. Photo Nicolas Auproux / Netflix
Par Augustin Pietron-Locatelli Partage
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Alban Lenoir, Éric Cantona et Thibault de Montalembert sont dans un bateau. Le dernier pousse les deux premiers : qui tombe à l’eau ? Les trois, et le film avec. L’esquif en question, AKA, à découvrir (ou non) sur Netflix, est une sombre histoire d’espionnage et de terrorisme sur fond de Françafrique – quoique le scénario évite de se mouiller vraiment sur ce point. Cela dit, dans une « réalité » où « le préfet de police de Paris a déclaré l’état d’urgence sur la capitale » (sic) et où l’on confie encore les enfants à la Ddass (re-sic), cela vaut mieux.
Adam Franco (Alban Lenoir), un ancien membre des forces spéciales, infiltre l’équipe d’un trafiquant d’armes (Éric Cantona) pour le compte d’un certain Kruger, commanditaire louche (Thibault de Montalembert). Le barbouze doit trouver des informations sur un terroriste que soutiendrait le personnage interprété par Canto. Mais voilà que Franco joue trop bien le jeu et trempe dans une guerre des gangs excitée et sanglante.
Ce qui est bien avec AKA, c’est son rythme implacable. À la fois dans la fréquence avec laquelle on y décoche ou dégaine tout au quart de tour (direct du droit, du gauche, phrases d’exposition lourdingues, flingues, etc), et dans les occasions de hausser un sourcil que le film nous offre. Ne comptez pas sur AKA pour réfléchir aux assignations de genre : ici, les femmes, on les protège et elles engendrent des problèmes. Il y en a bien une de plus maligne que les autres, mais même son petit frère de 10 ans ne lui laisse pas de répit : « Ma sœur, elle dit que c’est que les crétins qui se battent. » Quelques minutes plus tard, son père renchérit : « Ma fille, c’est une casse-couilles, comme ma femme. »
Source: Télérama.fr