“Spy” sur TF1 : quatre bonnes raisons de regarder ce film d’espionnage au féminin

June 25, 2023
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Un James Bond tartiné d’une grosse couche d’humour à l’américaine, c’est la comédie survoltée et hilarante de Paul Feig à (re)voir ce dimanche soir. Dans le premier rôle, Melissa McCarthy enfile le costume d’espionne.

Melissa McCarthy alias Susan Cooper dans « Spy » de Paul Feig. Twentieth Century Fox/Feigco Entertainment

Par Marion Michel Partage

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L‘espion, c’est Jude Law, période pub Dior des années 2000 filmé par Guy Ritchie. Costume impecc et boutons de manchette, teint hâlé parfait, mèche à 180 degrés : la classe en toutes circonstances, même quand il tatane des gros méchants pour le compte de son employeur, la CIA. Mais quand on creuse un peu, on s’aperçoit qu’il est assez bas du front (ou manipulateur ?), particulièrement avec Susan Cooper, sa collègue qui le guide dans l’oreillette à chaque mission. Et puis Jude disparaît et c’est Susan qui, contre l’avis général, reprend le costume et part sur le terrain. L’espionne a remplacé l’espion, et on gagne complètement au change, parce que :

Elle est super drôle

Voire hilarante. Chez Paul Feig, l’espionne revêt la peau de Melissa McCarthy, son actrice fétiche qu’il a rendue célèbre en 2011 dans une scène de défécation d’anthologie (dans un lavabo) dans Mes meilleures amies. Qui n’a jamais goûté aux prestations de la comédienne risque d’être déstabilisé, mais on ne vous donne pas deux minutes pour rire comme un cétacé – à condition d’être réceptif aux blagues pipi-caca-rat (oui, il y a aussi des rats). Dans ce rôle taillé sur mesure, une analyste de la CIA qui sort du sous-sol de Langley pour devenir agente de terrain dans plusieurs capitales d’Europe, l’Américaine s’en donne à cœur joie. Et offre un grand numéro d’humour, autant à son insu – toujours dans des accoutrements d’un goût douteux – que lorsqu’elle affronte Jason Statham (génialement abruti) dans des joutes verbales de haute volée.

Les situations sont plus réalistes, enfin presque

Courir, ça fatigue et ça fait suer. Pragmatique – et pas vraiment sportive –, Susan Cooper souffle et y va en marchant. Et même qu’à la fin elle a des courbatures et rêve d’un bon bain ! On est loin du James Bond immaculé qui sauve une femme et le monde entier avec trois côtes cassées ou ressuscite tout seul après un arrêt cardiaque. Le réalisme a ses limites : en bonne héroïne d’une comédie d’action, l’espionne gagne tout de même des points de longévité sans passer par la case aspirine et repos forcé. Mais quand même, vous avez déjà vu, dans un film, un espion avec une conjonctivite ?

Melissa McCarthy, hilarante dans son rôle, a tourné elle-même une bonne partie des cascades. Twentieth Century Fox/Feigco Entertainment

Elle n’a peur de rien

On est aussi surpris que la patronne au CIA – juste avant son Ghost Buster au casting féminin, Paul Feig donnait déjà dans Spy tous les rôles d’importance à des femmes –, au moment où elle visionne une vidéo d’entraînement de Susan Cooper. Celle qui d’ordinaire ne se lève pas de sa chaise à roulettes et régale ses collègues de pâtisseries maison manie en réalité les rudiments du combat comme personne – mieux qu’un homme, en tout cas ceux-là. Arts martiaux, lancer de couteau et tir au pistolet, elle maîtrise tout. Et lorsque la mission la pousse à se faire passer pour une garde du corps, elle révèle un franc-parler archi musclé qui laisse tout le monde coi. Pour ce rôle physique qui marque une étape dans sa filmographie – on en avait aperçu les prémices aux côtés de Sandra Bullock dans Les Flingueuses, du même Paul Feig –, Melissa McCarthy, qui a commencé sa carrière dans la série Gilmore Girls, a elle-même tourné certaines cascades avec beaucoup d’investissement, jusqu’à s’en fendre le crâne pendant une prise. Vous avez dit badass ?

Découvrir la critique q Spy

Ici on se bat entre copines

Paul Feig n’employait sûrement pas le mot « sororité » en 2015 à la sortie de Spy. Pourtant, le film met en scène l’amitié sincère, tendre et à la vie à la mort entre Susan Cooper et sa collègue de bureau. Copine de bar comme de terrain, elle sait autant éponger des larmes, manifester son enthousiasme pour la réussite de l’autre – rare au cinéma – que refroidir un gars dans les airs depuis l’hélico voisin pour sauver la peau à son amie. À force, la solitude fière portée en bandoulière par James Bond et ses homologues fichaient le cafard. Rien de tel avec Susan Cooper, qui préfère passer une soirée entre filles pour célébrer la fin de sa mission que de céder aux avances d’un collègue libidineux. On aurait adoré qu’il n’y ait pas de scène prégénérique…

Source: Télérama.fr