Pourquoi les femmes investissent moins en Bourse que les hommes?

June 26, 2023
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Les femmes sont historiquement écartées des marchés boursiers. ( crédit photo : GettyImages )

Selon une étude publiée par l’AMF le 8 mars 2023, seulement 22% des femmes investissent en Bourse, contre 36% des hommes. Pourtant, lorsque les connaissances des deux sexes sont testées, les résultats sont sensiblement identiques. Les femmes ont-elles tendance à se sous-estimer ou à être plus réalistes quant aux risques boursiers ?

Sommaire:

Les femmes investissent moins en Bourse que les hommes

En majorité, les femmes ont plus tendance à épargner qu’à investir

Bourse: les femmes sont freinées par une impression de méconnaissance

La Bourse: un monde historiquement masculin

Les femmes investissent moins en Bourse que les hommes

Selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), les femmes sont moins présentes en Bourse que les hommes. L’étude a été publiée le 8 mars 2023 et révèle que:

en 2022, seulement 30% des investisseurs actifs étaient des femmes ;

22% des femmes ont investi en 2022 contre 36% pour les hommes ;

seulement 17% des femmes interrogées disent s’intéresser aux placements en actions, contre 32% des hommes ;

48% des femmes interrogées manifestent leur aversion au risque, contre 36% d’hommes.

«Toutes nos études montrent que les femmes sont un peu en recul par rapport aux hommes sur l’investissement», indique Marie-Anne Barbat-Layani, présidente de l’AMF, dans une vidéo publiée par l’organisme. Elle poursuit: «On constate une plus grande aversion au risque et cela se voit sur les actions cotées. Seulement 12% des femmes en détiennent contre 22% des hommes. C’est pareil pour les crypto-actifs . Les hommes sont plus présents que les femmes. Pourtant, ces produits risqués sont ceux qui sont les plus intéressants en matière de rendement.»

En majorité, les femmes ont plus tendance à épargner qu’à investir

Les femmes préfèrent l’épargne à l’investissement, selon le baromètre 2022 de l’épargne et de l’investissement, réalisé par l’AMF. Huit femmes sur 10 déclarent mettre de l’argent de côté chaque mois. Cela représente en moyenne 210 euros par mois, contre 280 euros pour les hommes.

Cette différence de montant s’explique par les écarts de revenus importants entre les hommes et les femmes dans la société française. L’Insee rappelle dans une note publiée le 7 mars 2023: «Dans le secteur privé, l‘écart de salaire entre femmes et hommes est d’environ 4% à temps de travail et à postes comparables en 2021. En 2021, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 24% à celui des hommes dans le secteur privé.» Ce facteur contribue à justifier l’ aversion au risque des femmes.

Bourse: les femmes sont freinées par une impression de méconnaissance

Pour expliquer le manque d’attrait pour la Bourse, les personnes sondées évoquent:

l’aversion au risque,

la méconnaissance des sujets boursiers.

Seulement 29% des femmes interrogées disent avoir des connaissances en Bourse, contre 42% chez les hommes. Pourtant, à une série de trois questions portant sur la gestion de patrimoine, 10% des femmes et 14% des hommes répondent correctement. En parlant des femmes sondées, l’AMF mentionne: «Lorsque leurs connaissances sont testées, les écarts constatés sont relativement faibles par rapport aux hommes.»

Par ailleurs, des études américaines révèlent de meilleurs résultats obtenus par les femmes investissant dans les marchés financiers, par rapport à leurs homologues masculins. Hedge Fund Research est le cabinet d’étude spécialisé sur des fonds spéculatifs ayant réalisé une analyse entre 2005 et 2017. Celle-ci montre un succès plus important pour les fonds détenus ou gérés par des femmes. Leur rendement moyen était de près de 60% contre une moyenne à 36% pour l’ensemble des fonds analysés.

La Bourse: un monde historiquement masculin

La présidente de l’AMF, Marie-Anne Barbat-Layani, explique l’absence des femmes sur les marchés boursiers par des raisons historiques et culturelles: «Il y a des différences de représentation qui s’expliquent par des mesures historiques. Les femmes ont le droit d‘entrer physiquement à la Bourse depuis 1967 en France. C’était un monde d’hommes et donc même si on assiste à un phénomène de rattrapage, ce sujet demeure un tabou.»

De plus, la faible présence de femmes à la direction d’entreprises du CAC 40 ou de hedge fund n’aide pas à démocratiser la finance auprès d’un public féminin. Moins de 5% des hedge funds dans le monde sont détenus par des femmes. Le CAC 40 compte seulement trois entreprises dirigées par des directrices générales (Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia). Aucune d’entre elles n’occupe le poste de PDG dans l’entreprise.

Source: Boursorama