Il est estimé à 120 millions d'euros: qui veut bien acheter le château de la Garoupe à Antibes?
"Lasciate ogni dolore voi ch’entrate." C’est par ces mots, gravés en lettres noires sur le fronton de l’entrée, que les visiteurs du château de la Garoupe au Cap d’Antibes sont accueillis. Une référence subtile à la Divine Comédie de Dante, réinterprétée pour l’occasion.
Si l’auteur italien conseillait de laisser toute espérance sur le pas de la porte des enfers, la devise invite ici à laisser sa douleur avant d’entrer dans cette propriété d’exception. Un paradis? Sa réputation dit aussi le contraire, tant les histoires troubles ont déposé un voile sur ce lieu.
Un suicide qui pose question
Aujourd’hui, il se retrouve mis en vente par l’État français via l’agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc). Ce joyau, d’une valeur de 120 millions d’euros environ, niché chemin des Contrebandiers, a été confisqué en 2015, par l’État, dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent qui avait notamment visé l’homme d’affaires russe Boris Berezovsky, un proche de Boris Eltsine.
Une saga judiciaire de près de vingt ans sur fond de conflit politique russe impliquant la France, le Brésil, l’Angleterre...
Une sombre affaire qui a vu la chute d’un oligarque russe - dont le suicide pose toujours question -, la condamnation de Jean-Louis Bordes (le représentant de la société Sifi en charge de gérer le domaine) et la confiscation de l’une des plus belles villas du cap d’Antibes par l’Etat français.
Construit par l’architecte-peintre britannique Ernest George en 1907 pour Sir Charles McLaren, député et conseiller de la reine, le château de la Garoupe surplombe la pointe du Cap et offre des vues à couper le souffle. Si ces dernières années, elle était le lieu de splendides mariages ou de villégiature, la bâtisse de 1 300 m2 a vu "défiler les hôtes et artistes les plus prestigieux. À l’instar de Pablo Picasso, Cole Porter ou encore Ernest Hemingway".
Arnault, Courbit, Barrière ?
Entouré d’un parc paysager de dix hectares longeant une longue partie du chemin des Douaniers - cinq maisons annexes sont disséminées à l’intérieur du site -, le château est resté dans la famille anglaise pendant longtemps, puisque la fille de McLaren, Florence, et son mari, Sir Henry Norman, avaient ensuite repris le domaine.
Avant de le vendre en 1997 à Boris Berezovsky pour 55 millions de francs (8,3 millions d’euros), qui avait acheté quelque temps plus tard le clocher de la Garoupe à la famille de Francis Bouygues. D’ici quelques mois, un nouveau propriétaire franchira la "porte du paradis" pour écrire de nouvelles lignes sulfureuses - ou non - à l’histoire du site. Dans les possibles acquéreurs, le site Entreprendre évoque pêle-mêle le patron de LVMH, Bernard Arnault, le groupe Barrière ou encore Stéphane Courbit, patron de Lov Group. Sans oublier des multimilliardaires étrangers.
Source: Nice matin
