10 choses à savoir sur le groupe Wagner
Samedi dernier, un événement inédit s’est produit en marge du conflit opposant la Russie à l’Ukraine : le groupe Wagner, sous les ordres de son chef Evgueni Prigojine, s’est rebellé contre Poutine. Il a entamé une marche en direction de Moscou avant de s’arrêter à 200 km de la capitale, puis de rebrousser chemin. Autant dire que la Russie a tremblé et que l’incompréhension était totale, alors il est temps de revenir sur ce qu’il s’est passé. Mais avant tout, penchons-nous sur le groupe Wagner, une organisation qui fait froid dans le dos.
Le groupe Wagner, c'est des mercenaires
Ça veut dire qu’il s’agit d’une organisation paramilitaire qui peut être engagée par un pays ou une personne qui possède assez d’argent pour les financer. Les soldats ne sont donc pas affiliés à un pays en particulier, ils forment une troupe « privée » qui peut être « louée » pour mener des opérations militaires.
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Le groupe Wagner a d'autres sources de financements
En plus de recevoir de l’argent de la part de ceux qui les embauchent (en l’occurrence, Poutine), le groupe Wagner donne aussi dans l’exploitation minière (au Soudan, par exemple) et la production de pétrole et de gaz, notamment en Syrie. On appelle ça la diversification des revenus, comme dans « n’importe quelle » entreprise.
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Le groupe Wagner a toujours été très proche de la Russie
La première fois qu’on a entendu parler du groupe Wagner, c’était en 2014, pendant l’annexion de la Crimée par la Russie. Et s’ils roulaient avec Poutine, c’était pas un hasard, puisque l’organisation Wagner était officieusement sous le contrôle du ministère de la Défense russe. D’ailleurs, leur chef Prigojine a déjà été pris en photo aux côtés de Poutine au Kremlin en 2016, ce qui prouve la proximité entre Wagner et la Russie. Mais, comme il est interdit en Russie de faire appel à une troupe paramilitaire privée comme Wagner, le pays a toujours nié avoir des relations avec eux. En réalité, pour contourner la loi, la Russie paie des entreprises proches de Prigojine qui reversent ensuite une partie de leur argent à Wagner pour financer ses campagnes. C’est un secret de polichinelle, d’autant plus que les soldats de Wagner ont de l’équipement russe et s’entraînent sur des installations russes. On ne nous la fait pas à nous.
Le groupe Wagner est largement composé de prisonniers et de néonazis
Une bonne partie des soldats de l’organisation Wagner est recrutée en prison : on leur promet la liberté contre 6 mois passés au front. Pour la Russie, c’est tout bénef, puisque ça leur permet d’avoir des soldats à sacrifier sans avoir à les « décompter » dans les pertes russes. Il faut savoir aussi que la plupart des membres de Wagner sont des néonazis, des nationalistes russes et des identitaires slaves. De charmantes personnes, en somme.
Les origines mêmes du groupe Wagner sont néonazies
L’organisation a été fondée par un certain Dmitri Outkine, un ancien lieutenant-colonel de l’armée russe, connu pour être un néonazi nostalgique du troisième Reich. Il a d’ailleurs décidé d’appeler son groupe « Wagner » en hommage au compositeur allemand Richard Wagner qui était admiré par Hitler et dont la musique est devenue un des symboles aryens du troisième Reich. Difficile donc de dissocier le groupe Wagner de l’idéologie nazie.
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Le groupe compterait entre 25000 et 50000 hommes
En décembre 2022, le Pentagone avait dénombré environ 50000 soldats dans les rangs de Wagner, et aujourd’hui, ils seraient encore au moins 25000 selon leur chef Prigojine. Difficile évidemment d’en savoir plus tant il est compliqué d’accéder à des infos précises sur cette organisation, mais il faut savoir que c’est assez énorme pour une armée privée.
Le groupe Wagner est soupçonné de nombreux crimes de guerre
Ses membres auraient commis des crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Mali, en Libye, en Centrafrique, en Syrie et en Ukraine. On a en effet affaire à des hommes sans aucune morale capables de massacrer des civils, ou de tuer leurs propres déserteurs en leur éclatant la tête à coup de masse contre des blocs de béton. Le pire, c’est que depuis peu, ils aiment exposer leurs « exploits » sur TikTok, comme si le monde entier avait besoin de voir ça. Bref, l’humanité gagnerait beaucoup à ce que le groupe Wagner disparaisse pour toujours.
Le chef du groupe Wagner est surnommé le « boucher de Poutine »
Evgueni Prigojine est un oligarque russe qui est, comme on l’a dit plus tôt, un proche de Poutine. Ancien délinquant condamné plusieurs fois à de la prison pour vol et escroquerie, il s’est ensuite lancé dans la restauration en ouvrant des fast-foods de hot-dog qui ont fait sa fortune. La suite est un peu floue, mais Prigojine est devenu en 2014 le chef du groupe paramilitaire Wagner, et il est encore à sa tête aujourd’hui. Son surnom de « boucher de Poutine », c’est lui-même qui se l’est attribué, mais il colle bien à sa personnalité de mec qui sème des charniers partout où ses troupes passent et qui exécute les déserteurs de façon horrible. Le genre de gars que vous n’aimeriez pas croiser.
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Prigojine n'est plus si proche que ça de la Russie
Depuis un an, Prigojine est en froid avec les généraux et autorités russes, qu’il insulte de tous les noms et accuse de faire de Wagner de la chair à canon. Il critique notamment l’invasion russe qu’il estime mal organisée et qu’il qualifie de « désastre complet ». Bref, entre lui et Poutine (qu’il qualifie de « grand-père abruti »), ça va pas fort, et cette tension est arrivée à son paroxysme le 24 juin dernier.
Wagner a failli marcher sur Moscou
On en arrive donc à ce qui s’est passé le dans la nuit du 23 au 24 juin 2023. Suite à un conflit de plusieurs mois entre Poutine et Prigojine, ce dernier a choisi de se rebeller et d’envoyer ses troupes en direction de Moscou. Ses 25000 hommes progressaient rapidement car l’armée russe était toujours mobilisée au front, et Poutine a pris la parole pour qualifier Prigojine de traître. Mais, finalement, Wagner s’est arrêté à 200 km de la capitale avant que Prigojine n’annonce qu’il faisait marche arrière. Depuis, Poutine a abandonné ses poursuites contre Prigojine et Wagner, ce qui laisse penser qu’il y a eu une négociation entre les deux camps. Qu’a promis Poutine à Prigojine pour qu’il stoppe son coup d’État ? On l’ignore pour le moment, on ne le saura peut-être d’ailleurs jamais, mais ce qui est certain, c’est que ça a pas mal affaibli le pouvoir russe qui paraît très fragilisé. On verra bien ce que tout ça impliquera dans la suite du conflit en Ukraine.
Source: Topito