Hans Zimmer : sa musique de films dans un album live et un concert à la puissance rock
Avec un album live et au terme de trois concerts qui ont fait carton plein à l’Accor Arena, à Paris, Hans Zimmer est le plus demandé des compositeurs de musique de films actuels.
Musicien pour le cinéma depuis les années 80, mais signataire de BO depuis 1990 (Miss Daisy et son chauffeur), Hans Zimmer a donné en concert les 23, 24 et 25 juin à Paris ses compositions pour Dune, Inception, Wonder Woman, Gladiator, The Dark Knight… Plus qu’un concert, l'orchestre d'Odessa conduit par le maître a donné un show à la puissance de feu d’un concert rock, que l’on retrouve sur le double album, Hans Zimmer Live (Sony Classical) dans les bacs.
La pochette de l''album "Hans Zimmer Live". (SONY CLASSICAL)
Progressive rock
Avec une jauge de 20 300 personnes complète sur trois concerts, cela fait 60 900 mélomanes qui sont venus écouter et voir Hans Zimmer à Paris. Considérable pour un pays qui a longtemps laissé la musique de films aux oubliettes. L’impression première est celle d’une ampleur orchestrale optimale, mêlant les cordes, les cuivres et les bois à une puissante rythmique, où batterie, percussions et grosses caisses soutiennent des instruments électriques. Zimmer alterne des plages très orchestrées à des intros plus sobres et plus douces. Il affectionne les cassures de rythme et les breaks, et ne joue pas mélodieux, mais dodécaphonique. Il peut nous émouvoir aux larmes avec le thème chuchoté de Gladiator, participer au mystère d’Inception, chanter la musique des sphères d’Interstelar, et inventer l’épique d’un Dark Knight ou d’une Super Woman.
L’orchestration n’est pas avare de fuzz guitare, avec les solos aériens de Mile Mare, alors que Zimmer joue de la basse avec Juan Garcia-Herreros, et que le synthétiseur plane en fond, et qu’une boîte à rythme fait une apparition furtive. Le compositeur fait appel aux flûtes traditionnelles ou inventées de Pedro Eustache, ainsi qu’à des voix lyriques, dont celle de Lisa Gerrard, également compositrice pour l’écran. Zimmer parvient à l’alchimie du rock progressif : allier symphonique et électrique. Tous deux se rejoignent dans une dramatisation musicale, le projet de raconter une histoire.
Kaléidoscope
Hans Zimmer est soutenu pour cela par un light show d’une sophistication digne de Pink Floyd, maître en la matière. Très rythmée, mais dodécaphonique, la musique de Hans Zimmer se prête au visuel, cinématographique pour lequel elle est écrite, mais aussi à un jeu de lumière ambitieux. Ponctué de flash, tourbillons de rampes, fuseaux lumineux, projections, non pas d’extraits de films mais de montages originaux, parfois abstraits, le show n'a rien a envier au kaléidoscope floydien. La danse et une acrobatie aérienne s’invitent également, comme dans les concerts du groupe Prog Hawkwind.
Hans Zimmer prend de la place sur une triple scène où s’alignent les solistes, puis les cordes et cuivres, surmontés d’une plateforme où se relaient des interprètes. Les musiciens sont pour beaucoup des musiciennes, notamment une batteuse (Holly Madge), une percussionniste (Alexandra Suklar) et une violoncelliste électrique, Tina Gua, auxquelles s’ajoutent de nombreuses voix, dont celle de Lobo M. During pour Le Roi Lion.
Hans Zimmer effectue cette tournée mondiale pour la sortie du double album de l’enregistrement live du même concert. Le compositeur rassemble en plusieurs suites ses partitions sur deux heures. Il part souvent de thèmes traditionnels (Pirates des Caraïbes) pour devenir répétitif et ascensionnel en gamme, ou il rythme une marche qui épouse celle de ses héros (The Dark Knight). Jouant des harmonies sans être mélodieux, l’ampleur orchestrale atteint des sommets, avec une dramatisation puissante. Grandiose.
Source: franceinfo