Louis Vuitton fait le pont entre les cultures à Séoul
Louis Vuitton. LOUIS VUITTON
Depuis quelques saisons, c’est un drôle de manège qui se répète lors de chaque semaine de la mode parisienne : des hordes de fans attendent fébrilement devant les lieux des défilés leurs idoles issues de la K-Pop, ce genre pop musical coréen, constitué de groupe de jeunes garçons ou filles – les Black Pink, BTS ou encore Enhypen –, prouvant la force de frappe indiscutable du « pays du matin calme » quand il s’agit de s’acoquiner avec le monde du luxe.
Avec 52 millions d’habitants, la Corée du Sud est en effet l’un des marchés asiatiques les plus actifs pour le secteur : selon le cabinet d’expertise Morgan Stanley, les dépenses en biens de luxe des sud-coréens ont ainsi augmenté d’environ 24 % en 2022, pour atteindre 16,8 milliards de dollars. Il n’est donc pas étonnant que la maison Louis Vuitton ait choisi de présenter son tout premier défilé « pre fall » – comprendre, une collection de mi-saison –, à Séoul, le 29 avril au soir.
C’est sur l’emblématique pont Jamsugyo, qui enjambe le fleuve Hangang, que Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections féminines de la marque depuis 2013, a présenté sa collection. Un défilé que Le Monde a suivi depuis Paris. « Je suis heureux que le tout premier défilé Pre Fall de Louis Vuitton ait lieu dans la vibrante capitale de Séoul, théâtre de la vision créative de Nicolas Ghesquière pour cette collection. Séoul est un pôle culturel vers lequel tous les regards convergent. Cette capitale partage avec Louis Vuitton un esprit pionnier, une volonté de réinventer la créativité, d’encourager le savoir-faire », a commenté Pietro Beccari, président-directeur général de Louis Vuitton.
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Par écran interposé, l’effet est assez grandiose : la circulation n’a pas été coupée sur le niveau supérieur de ce monumental pont à deux étages et le flux de véhicules, très dense, donne à voir la frénésie de cette capitale économique. Construit en 1976, le pont Jamsugyo a la particularité d’être submersible, ce qui arrive fréquemment lors de période de fortes pluies. « C’est une prouesse de génie civil qui crée l’illusion de la disparition/apparition. Tout comme les jets d’eau qui le transforme en fontaine géante, une sorte d’arc-en-ciel liquide. Il est un monument vivant pour les Séoulites. Il est d’ailleurs, lui aussi, un vrai personnage de fiction, très présent dans de nombreux films. C’est un lieu de passage tout à fait inspirant pour y installer un défilé, un podium réel », commente Nicolas Ghesquière.
Mailles transmutées et vinyles craquelés
Mis en scène par le réalisateur sud-coréen Hwang Dong-Hyuk, récemment acclamé pour « Squid Game », une des séries de Netflix la plus regardée en 2021, le défilé a eu lieu sur le pont inférieur. C’est donc un podium de plus de 700 mètres qu’ont foulé 46 mannequins, les cheveux au vent - qui souffle très fort ! L’actrice et mannequin sud-coréenne HoYeon Jung, vue dans « Squid Games » et égérie de la maison depuis 2021, a ouvert le bal, vêtue d’une jupe trapèze en cuir noir cloutée et d’un blouson zippé bleu. Aux pieds, elle porte d’impressionnants godillots noirs au volume exagéré, que l’on retrouve dans différentes versions tout au long de la collection.
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Suivent des combinaisons taillées dans un vinyl souple, des blousons façon biker, des pantalons en cuir portés taille basse, des vestes amples associées à de petites jupes en cuir ou encore des costumes colorés et rayés. Les jeux d’associations de matières sont quant à eux distillés tout au long de la collection. « On challenge des techniques, on transforme les matières, c’est l’un de mes exercices préférés. Il y a beaucoup de mailles transmutées, des vinyles craquelés, des laines crêpées, des effets tweed, des twill stretch, des fausses fourrures ou des broderies qui deviennent des imprimés de fleurs », explique le directeur artistique.
Louis Vuitton. LOUIS VUITTON
On retrouve également dans cette collection des thèmes chers à Nicolas Ghesquière et intrinsèquement lié à la maison Vuitton : le damier noir et blanc est transposé sur des petites robes cintrées ou des pantalons amples, des combinaisons portées très près du corps insufflent une dimension science-fiction, tout comme les imprimés géométriques que l’on retrouve sur des pull-overs ou des robes. « Il y a également des éléments liés au sport bien sûr, qui a toujours été l’une de mes inspirations favorites, alliés à un classicisme français. Nous avons travaillé le flou dans un aspect confort et les vêtements du soir avec un côté désinvolte. Pour cette première fois à Séoul, c’est une façon de présenter ce que nous savons faire, comme une sorte de voyage diplomatique, le caravansérail Louis Vuitton qui vient raconter en Corée du Sud les chapitres de son histoire », ajoute Nicolas Ghesquière.
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Une histoire que la maison espère pérenne avec le pays. Ce défilé marque en effet le coup d’envoi d’un partenariat stratégique entre Vuitton, la métropole de Séoul et l’Office national du tourisme coréen. La maison dit s’engager à préserver les ressources naturelles du fleuve Hangang, à en améliorer la biodiversité et à sensibiliser sur le sujet les lecteurs de son city-guide consacré à Séoul. « Ce partenariat est l’occasion idéale de partager avec le monde la beauté du Hangang, lieu touristique symbolisant le potentiel infini de Séoul », déclare à ce propos Kim Eui-Seung, maire adjoint de la métropole de Séoul. Entre Louis Vuitton et Séoul, l’histoire ne fait donc que commencer.
Louis Vuitton. LOUIS VUITTON
Source: Le Monde